Au menu de cette revue de presse, l’odeur du danger, le domaine de Lancôme à Grasse, un chef anti-parfums et un avant-goût des J.O. 2024.
Rien ne prouve que le cachalot de 13 mètres de long qui s’est échoué fin mai sur un rivage de l’île de La Palma, aux Canaries, est mort en odeur de sainteté. La seule certitude, comme le raconte Courrier international, c’est que l’autopsie pratiquée par le vétérinaire Antonio Fernandez, de l’université de Las Palmas (Grande Canarie), a permis d’extraire des entrailles du cétacé un bloc d’ambre gris de 9 kilos. De quoi donner le tournis à plus d’une maison de composition. Cette concrétion intestinale, jadis considérée comme l’or blanc de la parfumerie pour ses puissantes notes animales et marines, est aujourd’hui si rare à trouver qu’on la troque volontiers contre des succédanés de synthèse comme l’Ambrox. La matière première naturelle n’en reste pas moins mythique et son cours atteint toujours des sommets. La preuve : le montant du trésor organique qu’abritait le cachalot s’élèverait à 500 000 euros.
Embruns toujours, mais direction le large, du côté des dents de la mer. Selon une étude rapportée par Géo, une espèce de requin préhistorique à tête large, dont des restes fossilisés datant de 365 millions d’années ont été mis au jour dans le Sahara marocain, pouvait percevoir les odeurs en stéréo. Si le Maghriboselache mohamezanei avait la face plate et large avec des narines à chaque extrémité, un peu comme un requin marteau, c’était davantage pour détecter ses redoutables prédateurs – un peu comme une vision à 180° – que pour se nourrir. Les scientifiques y voient un remarquable signe d’adaptation puisqu’en ces temps reculés, la compétition entre espèces faisait particulièrement rage.
L’odeur du danger, les fourmis la perçoivent à vitesse grand V. Comme le rappelle Le Monde, ces insectes sociaux évoluent en colonies régies par un système de communication complexe. Lorsqu’une source de péril survient, le signal du sauve-qui-peut est transmis à la communauté au moyen de phéromones captées par les bulbes olfactifs situés dans les antennes. Cela, on le savait déjà. Ce que l’université Rockefeller de New York a enfin compris (et rendu public), c’est que ces phéromones d’alerte sollicitent très peu de récepteurs olfactifs, dans une zone de surcroît très réduite. En clair, l’alerte, façon « coupe-file », gagne le cerveau quasi-immédiatement. On comprend mieux pourquoi les fourmis décampent en un clin d’œil quand cela sent le roussi.
Pourra-t-on un jour vivre une expérience de « panique à la fourmilière » grâce aux outils de réalité virtuelle ? En attendant, les sensations sont déjà à portée… de narine, si l’on en croit cet article de Science & vie, grâce à des travaux menés par l’université municipale de Hong Kong. Deux dispositifs sans fil miniaturisés ont été testés, un patch à placer sous le nez embarquant deux odeurs et un masque (avec neuf senteurs). Leurs minuscules réservoirs sont garnis de pastilles de paraffine parfumées révélant leur fragrance lorsqu’elles sont chauffées. Les parfums du romarin, de l’ananas ou encore de la crêpe sucrée ont déjà été recréés. Le potentiel s’annonce immense pour le cinéma, les jeux vidéo ou encore l’éducation.
Dès septembre, une visite bien réelle attend les touristes et les passionnés de parfum à Grasse. Le Domaine de la rose, appartenant à la maison Lancôme (groupe L’Oréal), ouvrira officiellement au grand public et aux étudiants ses quatre hectares de jardins et sa vaste bâtisse, comme l’annonce Marie Claire. La vocation est double : présenter le patrimoine de la marque parisienne et informer sur les pratiques de fabrication vertueuses. Le site accueille la culture biologique de plantes et de fleurs comme la rose centifolia, la tubéreuse, le jasmin, l’iris… Il sera également possible de s’initier sur place aux procédés d’extraction et de distillation ou encore d’assister à des sessions de formation et à différents événements.
Grasse, toujours. Dans Le Figaro, on apprend que son maire Jérôme Viaud vient de créer un club européen des villes de la parfumerie afin de peser dans un nouveau débat sur la réglementation pour l’usage des huiles essentielles dans les produits cosmétiques. Bruxelles envisage en effet de réviser la réglementation en termes de classification, d’étiquetage et de mélanges, avec dans le collimateur les allergènes et les perturbateurs endocriniens que pourraient contenir les essences fabriquées à partir de matières premières cultivées dans l’arrière-pays grassois. Jérôme Viaud souhaite que ces préoccupations n’occultent pas les efforts de la filière autour de la naturalité, de la biodiversité et du savoir-faire.
Shinji Kanesaka n’a pas attendu une séance plénière ou quelque vote à main levée pour prendre la décision d’interdire purement et simplement l’usage du parfum dans son restaurant de sushis. Ce chef japonais doublement étoilé, à la tête d’un établissement de poche (treize couverts) ouvert depuis début juillet à Londres, met en garde son aimable clientèle : « Afin de garantir la meilleure expérience sushi (sic) possible, nous vous demandons d’avoir la gentillesse de ne pas porter de parfum », rapporte The Drinks Business. Quelques pschitts en moins au regard d’une addition moyenne de 420 £, c’est déjà quelques centimes d’épargnés.
La saveur et le goût des aliments dégustés par sa mère, le bébé à naître les perçoit déjà pendant la grossesse, selon une étude reprise par l’émission de France inter In utero, dans l’épisode « Le fœtus est un nez » – après celui sur « Le goût et l’odorat du fœtus » mentionné dans notre dernière revue de presse. La démonstration s’appuie sur les images médicales dévoilant le visage d’un fœtus trois quarts d’heure après l’ingestion de carotte et de chou. Sans réelle surprise, on y décèle un sourire en réaction au premier légume et une sorte de moue pour le deuxième. Mais l’hypothèse du chercheur Benoist Schaal est qu’une exposition répétée pourrait permettre aux nouveau-nés de mieux les accepter.
Devenus adultes, nous apprenons cependant à apprécier moults produits et fumets. Certains se piquent même au jeu de l’expérimentation, comme Akrame Benallal, autre chef étoilé, co-créateur avec le parfumeur Fabrice Pellegrin de la fragrance Adorem, imaginée à quatre mains lors d’un récent 1+1 pour Nez, la revue olfactive. Il s’apprête à relever un nouveau défi : concevoir des plats en collaboration avec des nutritionnistes pour les athlètes du village olympique lors des J.O. de 2024 à Paris. À l’initiative de Sodexo Live, au côté de ses pairs Amandine Chaignot et Alexandre Mazzia, Akrame Benallal a prévu de servir un « müeslinoa », muesli de quinoa croustillant, un plat 100% végétal « gourmand et texturé » préparé à la manière d’un riz pilaf puis gratiné au four. Comme il l’a confié dans l’émission RTL soir, le cuisinier se sent « responsable » des performances des compétiteurs.
Sieste, farniente, parties de pétanque… Sans vouloir aligner les clichés, voici sans doute les principales performances qu’il sera possible d’atteindre en portant des espadrilles cet été. La chaussure en toile à la semelle de corde séduit toujours. On lui reproche parfois sa rusticité, et sa fâcheuse tendance à favoriser les odeurs peu ragoûtantes. Mais 20 Minutes tente de balayer cette idée reçue, en mettant en avant la mise au point par le parfumeur montpelliérain Arthur Dupuy d’un spray accord pamplemousse censé garantir « un à deux mois » de tranquillité olfactive. De quoi tenir jusqu’à la rentrée.
Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !
Visuel principal : © Morgane Fadanelli
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