L’odeur pénètre sans façon, ni manière. Notre nez est notre sens le plus sincère, le plus fiable car sans filtre. Mais qu’en faisons-nous au quotidien ? Et le parfumeur ? Pour Céline Ellena, compositrice de parfums indépendante et rédactrice pour Nez, ce dernier est un illusionniste, un créateur de masques ou de parures. En quête à toute heure d’odeurs.
Une table ronde enregistrée lors de la Paris Perfume Week 2024 et animée par Sarah Bouasse.
Visuel :podcast Ishootagency.
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Guillaume Tesson
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Alors que Nez fait chaque année son tour du monde des événements dédiés au parfum, notre prochaine étape sera new yorkaise, à l’occasion de l’édition 2024 de ScentXplore (5-7 décembre), salon auquel nous particperons pour la 3e année consécutive. Rencontre avec Max Forti, son fondateur.
Quelle est la spécificité de ScentXplore par rapport aux autres événements parfum ?
ScentXplore est un événement pour les vrais amoureux du parfum, qui adorent les subtilités de cet univers. Cependant, tout le monde est invité à découvrir notre plateforme. Notre philosophie consiste à « explorer, découvrir, partager, connecter ». Le public est central, et nous essayons de lui créer un événement sur-mesure. À travers nos ateliers et nos présentations, nous proposons de créer une relation entre les passionnés et les parfumeurs, ou experts de cette industrie.
De 600 visiteurs et 28 marques en 2019, à 4500 et 75 cette année : comment expliquez-vous cette croissance impressionnante ?
Ce succès est dû principalement au bouche-à-oreille lancé par ceux qui ont déjà fréquenté l’événement, et qui partagent leur ressenti sur l’expérience. Ceci étant dit, nous observons une croissance spectaculaire en dehors de la communauté parfum. De plus en plus de personnes découvrent les parfums de niche, et des profils de différents horizons apparaissent – venus de la mode ou du maquillage -, ce qui est fascinant et encourageant !
Passionné de longue date – vous avez commencé sur Youtube il y a plus de 10 ans – comment décririez-vous l’évolution du marché américain ?
Le marché a incroyablement évolué en matière de connaissances. Le consommateur devient plus “calé” sur les ingrédients par exemple, donc plus exigeant sur la qualité, la performance et la singularité. C’est là que les marques de niche ont une opportunité de grandir, par rapport aux marques “mainstream” qui proposent un peu toujours la même chose. De par mon expérience, je peux témoigner que les marques qui ont le plus de succès sont celles qui font un réel effort de connexion envers le consommateur. Certaines ont des moyens limités mais elles parviennent à construire une relation, à se montrer à l’écoute de ce que le marché attend plutôt que de simplement pousser de nouvelles sorties.
À présent que ScentXplore est bien établi, quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Nous espérons continuer à proposer une valeur ajoutée et de l’innovation à nos visiteurs et aux marques, en cherchant à créer un lien le plus authentique qui soit, et en délivrant du contenu pédagogique, divertissant et enrichissant. Il y a un esprit de camaraderie qui entoure l’événement, où tout le monde se sent accepté et inclus – nous tâcherons de garder ce sentiment intact.
Cet entretien est paru dans Niche by Nez #02 (printemps 2024)
Créée il y a sept ans par un groupe de six passionnés de l’odorat et des parfums, l’association Nez en herbe affiche la volonté de faire découvrir l’odorat aux plus petits, dès la crèche, puis de les accompagner à la maternelle pour exercer leur nez et leur goût. Son fondateur Roland Salesse, ingénieur agronome et docteur des sciences, Carole Calvez, parfumeuse-créatrice de Iris et Morphée et Didier Trotier, docteur ès sciences, évoquent l’intégration de l’éveil olfactif dans les programmes éducatifs.
Une table ronde enregistrée lors de la Paris Perfume Week 2024 et animée par Sarah Bouasse.
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Guillaume Tesson
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Quel cadre offrir aux marques de niche pour qu’elles puissent composer avec la plus large palette d’ingrédients possible, en toute sécurité et dans le respect de l’environnement ? Dans cette intervention enregistrée en mars 2024 à Milan lors de la 14e édition d’Esxence, le rendez-vous des professionnels de la parfumerie confidentielle, la présidente de l’International Fragrance Association (IFRA) Martina Bianchini partage sa vision de l’industrie. Pour elle, « si la parfumerie est un art, la science et les standards doivent permettre aux créateurs de s’exprimer le plus librement possible ».
Ce podcast est disponible uniquement en anglais.
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Guillaume Tesson
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Depuis 25 ans, Francis Kurkdjian sculpte les facettes visibles et invisibles de la matière olfactive pour traduire ses émotions en histoires sensorielles, pour la maison qui porte son nom et comme directeur de la création pour Dior parfums. Dans cette masterclass, le parfumeur met en lumière son travail de composition à travers trois accords issus de neuf matières premières : une eau de Cologne où la mandarine est mise en majesté, une fleur de jasmin magnifiée par un accord musqué et enfin un parfum chypré, grand archétype de la parfumerie contemporaine. Une masterclass présentée par Guillaume Tesson.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédé des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
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Depuis 2009, L’Arbre à café propose à ses clients des crus créés dans « l’élévation des hommes et la préservation de la terre ». De la culture à la torréfaction, en passant par la fermentation, la cohérence avec les standards de qualité et la dégustation – qui met en valeur l’olfaction, Martin Suard, responsable de la production et du contrôle qualité, explore les similitudes avec l’univers du parfum, ses matières premières et ceux qui les cultivent. Une conférence présentée par Guillaume Tesson.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédé des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. NEZ vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Comment passe-t-on d’une attraction pour l’univers des odeurs à l’acquisition de bases solides pour en faire un métier ? Isabelle Ferrand, directrice de la société de formation Cinquième sens, par laquelle sont passés de nombreux créateurs, et Isabelle Larignon, parfumeuse indépendante, posent les bases d’un apprentissage olfactif ludique mais structuré, à travers la découverte des odeurs du quotidien et l’évaluation de matières premières et des parfums emblématiques d’hier et d’aujourd’hui. Une table ronde animée par Guillaume Tesson.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédé des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
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Devenue créatrice de parfums de la maison Cartier en 2005 après des débuts remarqués chez Guerlain, Mathilde Laurent incarne une approche libre et artistique de son métier. De la collection des « Heures » à La Panthère, de Carat à L’Envol, elle donne corps à une vision sensible et personnelle. Engagée pour faire découvrir et partager son métier avec le plus grand nombre, elle a signé (avec Sarah Bouasse) Sentir le sens publié chez Nez littérature en 2022, dans lequel elle revient sur son parcours, ses explorations, et partage ses convictions. Une masterclass présentée par Sarah Bouasse.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Par leurs qualités olfactives exceptionnelles, leur histoire ou leurs origines hors du commun, certaines matières premières naturelles nourrissent l’inspiration du parfumeur et jouent un rôle déterminant dans ses créations. Marc-Antoine Corticchiato, créateur de Parfum d’empire, échange avec deux de ses fournisseurs, François Ducreuzet, président d’Essentiel Oud et Frédérique Rémy, co-dirigeante de Floral Concept.
Une table ronde modérée par Sarah Bouasse.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
En 2000, l’UNESCO a inscrit sur la liste du patrimoine mondial la « Terre de l’encens », située dans la région du Dhofar, dans le sultanat d’Oman. Il s’agit d’un ensemble de trois sites archéologiques (Shisr, Khor Rori et Al Baleed) et d’une réserve naturelle (Wadi Dawkah). Une reconnaissance qui témoigne de l’importance du patrimoine liée à l’encens en Oman et du rôle historique majeur joué par cette région dans le commerce de ce produit.
La « Route de l’encens » est le nom traditionnellement donné à un réseau de routes reliant le sud de la péninsule Arabique au monde méditerranéen et à la Mésopotamie à partir du Xe siècle avant notre ère. Son essor est lié à une révolution majeure au Moyen-Orient : la domestication du dromadaire. Surtout active durant l’Antiquité, cette « route » se modifie au cours du temps et, terrestre à l’origine, devient progressivement un réseau maritime à longue distance. Qu’entend-on par « encens » ? Qui l’utilisait et de quelle façon ? Comment est né ce commerce ? De quelle manière a-t-il évolué ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre dans cet article.
Le mot encens désigne toute substance pouvant être brûlée afin de produire une fumée odorante. Il peut s’agir de résines végétales, de bois ou de matières animales. Mais lorsque l’on évoque l’encens, on pense plus particulièrement à la résine oliban, issue du Boswellia sacra, un petit arbre de la famille des Burséracées, qui exsude une résine odorante après excision de l’écorce. Cet arbre est réparti dans le sud de la péninsule Arabique, à cheval sur les territoires du Yémen et du sultanat d’Oman, ainsi qu’en Somalie.
On trouve également d’autres espèces (31 en tout) qui fournissent une résine recherchée, comme le Boswellia papyrifera qui croît en Éthiopie. L’autre résine emblématique de l’Arabie du Sud est la myrrhe, issue du Commiphora myrrha. Néanmoins, cette résine est généralement utilisée comme onguent et beaucoup plus rarement comme encens. Le commerce de l’encens comprend ainsi non seulement de l’encens-oliban, mais aussi d’autres substances odorantes et des épices importées depuis l’Inde. La liste des produits s’est allongée avec le temps, alors que le commerce s’élargissait à des régions de plus en plus éloignées.
Durant l’Antiquité, l’encens est principalement employé au cours des rituels religieux et dans les rites funéraires. La fumée de l’encens matérialise l’offrande destinée aux dieux et porte vers le ciel les prières des hommes. Les fumigations accompagnent aussi les prières aux morts, et ces substances utilisées en onguent s’emploient lors des pratiques d’embaumement. Ce sont donc surtout les prêtres qui manipulent ces matières odorantes. Cependant, l’usage domestique est également attesté, et les archéologues ont retrouvé des brûle-parfums dans des habitats aussi bien dans des contextes antiques qu’islamiques.
Dater avec certitude le début du commerce de l’encens-oliban est une gageure. Néanmoins, plusieurs indices archéologiques et textuels témoignent d’une circulation très ancienne de ce produit. La plus vieille trace d’utilisation de l’encens connue à ce jour est attestée sur le site de Ra’s al-Jinz (sultanat d’Oman), à travers un brûle-parfum de forme quadrangulaire et à quatre pieds retrouvé dans un bâtiment datant du IIIe millénaire avant notre ère. Malheureusement, aucune analyse de provenance n’a été réalisée sur la matière brûlée retrouvée au fond du réceptacle, et parler d’un « commerce » à proprement parler paraît hardi.
En revanche, dès la seconde moitié du IIIe millénaire av. n. è., la demande en encens est forte dans l’Égypte ancienne. Les textes égyptiens mentionnent essentiellement deux produits, « sntr » et « ‘ntyw », qui sont parfois identifiés avec, respectivement, l’encens-oliban et la myrrhe. Ces substances, employées dans les rituels funéraires et comme offrande aux dieux, sont importées depuis le mythique « pays de Pount », dont la localisation précise fait encore débat, mais qui se situerait dans la Corne de l’Afrique ou bien sur la rive occidentale de l’actuel Yémen, le long de la mer Rouge. Des ressources si essentielles, et si onéreuses pour les Égyptiens, que la reine Hatchepsout (r. 1490-1468 av. n. è.) ordonne une expédition jusqu’à Pount pour s’approvisionner directement et rapporter les arbres eux-mêmes en Égypte. Les magnifiques fresques du temple de Deir El-Bahari narrent cette aventure qui se soldera par l’échec des transplantations des arbres, qui ne survivront pas au climat trop aride de l’Égypte.
Le développement du commerce des aromates en péninsule Arabique est étroitement lié à la domestication du dromadaire, qui entraîne la mise en place du commerce caravanier, à la fin du IIe ou au début du Ier millénaire avant notre ère – les premières traces épigraphiques relatant les échanges commerciaux terrestres datent des IXe/VIIIe siècles av. n. è. Un dromadaire transporte jusqu’à 240 kg de marchandises et peut parcourir jusqu’à 48 km par jour. Son emploi représente ainsi une révolution économique : il est désormais possible d’acheminer par voie terrestre une grande quantité de marchandises. Au VIIIe siècle av. n. è., d’après l’étude des sources épigraphiques sudarabiques, le commerce caravanier est établi et organisé dans le sud de la péninsule Arabique. La période qui s’étend jusqu’au tournant de l’ère chrétienne est ainsi celle des « principautés caravanières ». Au Yémen, cinq royaumes jouent un rôle essentiel dans le commerce de l’encens : ceux de Saba, de Mai’în, de Qatabân, de ‘Awsân et du Hadramawt .
Le plein contrôle des routes caravanières par lesquelles circulent, notamment, l’encens et la myrrhe devient un objectif militaire et politique de premier ordre. Dans ce but, Karib’îl Watâr (première moitié du VIIe siècle av. n. è.), roi de Saba, mène huit campagnes militaires victorieuses. Ce même souverain aurait offert à Sennachérib, roi d’Assyrie de 705 à 681 av. n. è., des pierres précieuses et des aromates afin de lui rendre hommage.
Les Minéens jouent un rôle essentiel dans le transport et la vente des aromates, comme en atteste l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien (23-79) qui explique que l’encens fut d’abord commercialisé par ce peuple de Mai’în.
Le royaume du Hadramawt s’est établi dans la vallée du même nom, le Wadi Hadramawt, mais son territoire déborde largement cette région pour s’étendre jusqu’au Mahra à l’est, et jusqu’à l’océan Indien au sud. Sa capitale, Shabwa, est située au carrefour des routes caravanières reliant Mai’în ou Najrân par le désert et des pistes passant par les hauts plateaux. Une route relie ensuite Shabwa à Marib, capitale du royaume de Saba. Enfin, les caravanes partent de Marib vers Najrân, puis vers Yathrib (actuelle Médine), jusqu’à Pétra et Gaza, d’où les marchandises sont redistribuées vers la Méditerranée, le Levant, la Mésopotamie. Les royaumes du nord de l’Arabie (Dadanites, Lihyanites, Taymamites) prospèrent en tant qu’intermédiaires dans ce commerce et se sédentarisent dans des oasis, comme al-‘Ulâ ou Tayma. Les Nabatéens, installés dès la fin du IVe siècle av. n. è. à Pétra (Jordanie), s’enrichissent grâce au négoce et se sédentarisent progressivement. Au Ier siècle av. n. è., le royaume nabatéen couvre ainsi un vaste territoire qui s’étend, du nord au sud, depuis Damas jusqu’au Hijâz et, d’est en ouest, du Néguev au désert syro-arabe.
Après le début de l’ère chrétienne, plus aucune source épigraphique sudarabique n’évoque le commerce caravanier. Néanmoins, celui-ci n’a pas complètement disparu. Avec l’essor de l’islam, La Mecque devient le centre religieux le plus important de la région, et reste une ville marchande. On sait par exemple que, afin d’assurer l’approvisionnement en encens et en parfums, une caravane spécifique appelée latîma fait le voyage d’hiver vers le sud de l’Arabie pour rapporter les précieux produits. Les routes de pèlerinage sont en quelque sorte les héritières de ces « routes de l’encens ».
Parallèlement à ce commerce caravanier, un commerce maritime se met en place. Outre l’oliban et la myrrhe, les aromates brûlés en Arabie du Sud ou exportés depuis cette région provenaient de diverses contrées. Originaires d’Inde, les épices, comme la cannelle ou le poivre, sont transportées par bateau jusqu’aux côtes sudarabiques d’où elles sont redistribuées vers les régions septentrionales. Ce transport depuis l’Inde implique la maîtrise de la navigation et pose la question de l’évolution du commerce maritime dans l’océan Indien.
Dès le IVe siècle av. n. è., la circumnavigation de la péninsule Arabique est bien établie et se fait par cabotage. Vers la fin du IIe siècle av. n. è., les pilotes maîtrisent les vents de mousson.
À partir du IIe ou IIIe siècle, de nouvelles voies commerciales maritimes sont ouvertes vers l’océan Indien. Après le temps des troubles qui ont marqué le VIe siècle, l’Empire musulman assure une stabilité politique qui favorise les échanges commerciaux. Les élites musulmanes implantées dans les grandes villes consomment des produits luxueux : céramiques, tissus, parfums, pierres précieuses. S’étendant des rives de l’Atlantique à l’Amou-Daria, l’Empire abbasside (750-1258) contrôle les axes maritimes en mer Méditerranée, dans l’océan Indien, ainsi que des routes terrestres, en particulier une importante portion de la Route de la soie. Le commerce à longue distance connaît un essor considérable, et les relations entre le monde arabe et la Chine se renforcent. Des marchands arabes et perses établissent un comptoir à Canton. Ainsi, de nombreux produits originaires d’Extrême-Orient, qui étaient jusque-là rarement employés, s’imposent sur les marchés aux parfums : musc, ambre gris, bois d’agalloche, bois de santal, camphre… Ces matières exotiques, considérées comme plus prestigieuses, remplacent les matières locales comme l’oliban. En revanche, ce dernier est très apprécié en Chine où il est employé en quantité dans le cadre des rites bouddhiques.
Au sein de ce commerce, qu’il soit terrestre ou maritime, la région du Dhofar, dans le Sultanat d’Oman, joue un rôle majeur depuis l’Antiquité, comme en témoignent les trois sites archéologiques faisant partie de la « Terre de l’encens » : Khor Rori, Shisr et Al Baleed.
Le site archéologique de Khor Rori, l’ancienne Sumhuram, est une ville fortifiée d’une superficie de 8 560 m2 installée sur un éperon rocheux dominant une anse (khor,en arabe), à 31 km à l’est de Salalah. Elle doit son nom au roi Sumhuram ‘lhan (r. IIIe ou IIe siècle av. n. è.), souverain du Hadramawt, qui a fondé la ville. L’encens récolté dans le Dhofar était entreposé dans la ville, protégée par des murs pouvant s’élever jusqu’à 8 m de haut. Il était ensuite acheminé vers Qâni’ (l’actuel Bî‘r ‘Alî, au Yémen), où il était stocké avant d’être expédié à Shabwa, d’où les caravanes le transportaient vers le nord, ainsi que nous l’avons décrit plus haut. La ville de Sumhuram est abandonnée progressivement au cours du Ve siècle à cause de l’ensablement de sa baie.
Shisr, aussi appelé « Ubar », se situe à moins de 150 km au nord de Salalah. Le site a été visité par l’explorateur britannique Wilfried Thesiger dès 1946, puis redécouvert au début des années 1990 par Nicholas Clapp et Juris Zarins à la suite de reconnaissances aériennes. Les vestiges sont constitués d’un dôme calcaire écroulé qui recouvrait autrefois une source d’eau. Sur ce dôme, une grande enceinte fortifiée de forme trapézoïdale avait été édifiée, mesurant 57 m par 45 m de côté. La nappe aquifère située sous la forteresse a creusé le sous-sol, provoquant l’effondrement du dôme calcaire. L’occupation du site remonterait à 300 av. n. è., puis celui-ci est réoccupé durant la période islamique, jusqu’au XIVe siècle. Parmi les trouvailles, six pièces d’un jeu d’échecs en grès datant des XIe-XIIe siècles ont été mises au jour. C’est avant tout la présence en eau qui a fait la richesse de Shisr, ce qui explique l’enceinte fortifiée. Située non loin de la région où poussent les arbres à encens, elle pourrait bien avoir été un relais caravanier de l’une des nombreuses pistes reliant les zones de production aux zones de consommation de l’encens. D’autre part, la découverte de brûle-parfums lors des fouilles témoigne de l’usage de l’encens à cet endroit.
La vivacité du commerce maritime de l’encens durant la période islamique est visible à travers la richesse du site archéologique d’Al Baleed, situé dans la partie orientale de la ville moderne de Salalah et où se trouvent les vestiges du port médiéval de Zafâr qui a donné son nom à la région, le Dhofar (Zufâr, en arabe). Les fouilles archéologiques ont révélé que ce port était actif du xe au XVIe siècle. Les sources textuelles médiévales chinoises, occidentales et arabes témoignent des activités commerciales de la ville liées, notamment, à la vente de l’encens. À la fin du XIIIe siècle, Marco Polo, le fameux marchand et voyageur vénitien, nous informe que « l’encens blanc y naît fort bon, et en abondance », puis il nous décrit comment l’encens était récolté après que l’arbre avait été entaillé et que la résine avait séché. Tout comme Sumhuram en son temps, le port de Zafâr était fortifié afin de protéger ses richesses. Malheureusement, ces fortifications ne résisteront pas à l’attaque des navires portugais au début du XVIe siècle.
Enfin, la réserve naturelle de Boswellia sacra de Wadi Dawkah se situe à 42 km au nord de Salalah, à environ 680 m d’altitude. Elle s’étend le long du wadi, sur 6 à 7 km2 (600-700 ha). Dans cette réserve naturelle se trouvent les plus grands et les plus anciens spécimens de Boswellia sacra du Dhofar. Âgés d’une centaine d’années, ces individus atteignent 4,5 voire 6 m de hauteur. Dès 2001, un programme d’intervention est mis en place. Il se poursuit aujourd’hui sous les auspices d’Amouage pour protéger, mettre en valeur et exploiter de manière durable ce patrimoine naturel.
L’Antiquité est souvent considérée comme l’âge d’or du commerce de l’encens. Cette vision est en fait biaisée par les nombreux textes antiques, en particulier ceux de Hérodote et Pline l’Ancien, qui chantaient les merveilles de cette « Arabie heureuse » productrices d’aromates. Or, les sources textuelles et données archéologiques témoignent de la vigueur de ce commerce durant la période islamique et médiévale. Au sein du monde méditerranéen christianisé, l’encens-oliban est employé dans la liturgie pour purifier l’église. À la faveur de ses échanges avec le monde musulman, l’Europe va également découvrir une grande diversité d’aromates. Une ville marchande comme Venise devient capitale des parfums grâce à ses réseaux d’échanges privilégiés avec le monde arabe. À l’est, c’est en Chine que l’on trouve la plus forte demande en encens-oliban : des registres commerciaux datant du XIe siècle rapportent que plusieurs dizaines de tonnes d’oliban étaient débarquées dans les grands ports chinois chaque année. Et la Route de l’encens n’appartient pas seulement au passé : c’est un patrimoine encore bien vivant qui ne demande qu’à être exploré.
Sterenn Le Maguer-Gillon est archéologue, autrice d’une thèse portant sur le commerce de l’encens en péninsule Arabique et dans l’océan Indien entre le IVe et le XVIe siècle. Ses recherches portent sur l’histoire des parfums et des encens, en particulier leur circulation et leurs usages, dans le monde musulman médiéval. Elle est l’auteure d’une dizaine d’articles sur le sujet, publiés en français et en anglais. Elle participe à différents projets archéologiques en péninsule Arabique et étudie la culture matérielle de sites datant des périodes antique et islamique (céramique, pierre tendre, brûle-parfums). Elle est actuellement directrice de projets archéologiques chez Archaïos et chargée de cours à l’Institut catholique de Paris.
Quelles sont les conséquences des avancées récentes en matière de développement durable sur l’industrie du parfum ? Guillaume Audy, directeur de la communication et du développement durable chez Iberchem, Rita Ribau Dominguez, consultante senior chez Olfasense et Valérie Lovisa, conférencière en RSE à l’Isipca et consultante chez B Leader se penchent sur les préoccupations actuelles et les futurs enjeux en explorant les sujets qui ont marqué le secteur au cours des derniers mois. Une table ronde animée par Sarah Bouasse.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
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Guillaume Tesson
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
La Route de l’encens, qui s’étendait sur 2000 kilomètres, reliait le sud de la péninsule arabique à la Méditerranée. Les premières traces avérées d’expéditions en Égypte à la recherche d’encens remontent à 2600 ans avant notre ère et attestent de la domestication du chameau à l’origine du commerce intensif de la précieuse résine 800 ans av. J.-C. Oman n’apparaît sur la carte de cette route que quelques siècles plus tard, une fois l’emblématique port de commerce de Khor Rori construit. En 2000, l’Unesco et le Sultanat d’Oman ont signé une convention inscrivant au Patrimoine mondial la Route de l’encens. Cette appellation poétique englobe quatre sites exceptionnels situés dans la vallée du Dhofar, une réserve naturelle dans le sud d’Oman : les vestiges de l’oasis de Shisr (également nommée Ubar) ; les ports affiliés de Khor Rori et Al-Baleed, exemples remarquables de sites médiévaux fortifiés et Wadi Dawkah, le berceau de la plus importante forêt d’arbres Boswellia sacra au monde.
Dans cet épisode, Dominique Roques, sourceur d’ingrédients naturels pour la parfumerie depuis plus de 30 ans et chargé d’implanter le projet de renaissance de cet arbre précieux dans le Wadi Dawkah, s’entretient avec l’archéologue Sterenn Le Maguer-Gillon pour expliquer à quel point chacun de ces lieux témoigne de la place stratégique qu’occupait la région d’Oman sur la route du commerce de l’encens.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
La réglementation des ingrédients pour la parfumerie, barrière à la création ou source d’innovation ? Aurélie Perrichet, directrice régionale Europe de l’IFRA, Jennifer Dorts, responsable des affaires scientifiques et réglementaires de l’IFRA et Thierry Audibert, membre du comité directeur de la Société internationale des parfumeurs-créateurs (SIPC) nous aident à comprendre le rôle des réglementations de l’International Fragrance Association pour garantir un usage sûr des produits parfumés, les innovations nées de ces contraintes et le travail de l’organisme auprès des autorités pour défendre l’industrie. Une table ronde animée par Jessica Mignot.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Après une courte présentation du Groupement de recherche du CNRS Odorant, Odeur, Olfaction (GDR O3) et de ses principales activités, son directeur adjoint Xavier Fernandez expose quelques exemples de résultats de projets interdisciplinaires centrés autour de l’histoire des parfums, de l’intelligence artificielle et des neurosciences.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Depuis vingt ans, à l’écart des tendances, Marc-Antoine Corticchiato dessine avec Parfum d’empire la carte d’une parfumerie indépendante et exigeante, guidée par la noblesse des matières premières naturelles. En écho à l’exposition « Parfum d’empire – Quand le parfum des plantes parle », celui qui faillit devenir cavalier professionnel revient sur ses racines marocaines et corses, sur ses méthodes de création, son enthousiasme pour la quête des plus beaux ingrédients et commente l’évolution de son style, de plus en plus personnel.
Une masterclass présentée par Guillaume Tesson.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
Devenir parfumeur c’est emprunter un chemin exigeant, de l’apprentissage au côté d’un mentor jusqu’aux premières gammes esquissant l’acquisition d’une signature. Grégoire Balleydier, parfumeur chez DSM-Firmenich, Ugo Charron, parfumeur chez Mane et Leslie Gauthier, parfumeuse chez Symrise, échangent sur les atouts, les valeurs et les défis de la nouvelle génération de créateurs.
Une table ronde animée par Guillaume Tesson.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, une nouvelle tendance émerge dans le domaine des parfums : celle du sport. Un outil marketing bien rodé, dont nous explorons ici quelques facettes, après avoir dessiné les premiers traits de l’histoire commune qui lie disciplines sportives et flacons sent-bon.
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, une nouvelle tendance émerge dans le domaine des parfums : celle du sport. Elle est en réalité un outil marketing qui favorise l’expansion d’un marché de « flankers », nom que l’on donne dans le milieu à ces déclinaisons qui reprennent (a priori) quelques notes olfactives du parfum initial ainsi que son nom et la forme du flacon. Si l’exercice de la déclinaison peut constituer un réel enjeu créatif, il permet malheureusement le plus souvent de capitaliser sur un succès commercial sans trop de prises de risques.
Les déclinaisons « sportives » ciblent un public essentiellement masculin, plus jeune et populaire, moins consommateur de parfums que les femmes, creusant au passage les clichés de genre comme sait si bien le faire l’industrie du parfum [voir notre dossier Odor di femina] : féminité séductrice et aimante d’un côté, masculinité puissante et indépendante de l’autre.
De Ralph Lauren à Dior en passant par Chanel et Yves Saint Laurent, toutes les grandes marques en vogue s’alignent sur cette tendance, présentant des parfums aux profils communs. De Polo Sport à Dior Homme Sport, tous proposent une fragrance avec une tête fraîche d’agrumes ou d’aldéhydes, un coeur fleuri ou épicé (poivre, coriandre) et un fond boisé ambré (cèdre, vétiver, et de plus en plus bois ambrés) parfois enrobé de notes gourmandes (fève tonka, vanille, ethyl-maltol).
L’objectif est clair : il faut toucher cette nouvelle audience et pour y parvenir, les marques vont adapter leur stratégie. Leur communication d’abord : avec le choix d’égéries sportives ou bien par des campagnes publicitaires mettant en scène des hommes athlétiques, l’enjeu étant toujours de nourrir l’identification aux personnalités pour faire vendre. La part mise dans la communication augmente, celle mise dans le concentré déminue [voir notre dossier Argent et parfum dans Nez, la revue olfactive #17]. Rugbymen, joueurs de foot, surfeurs et même pilotes automobile se prêteront au jeu. On citera notamment Hugo Parisi (plongeur brésilien), Adam Crigler (longskater américain), Danny Fuller (surfeur américain) chez Chanel ; Olivier Giroud (joueur de foot français), Jenson Button (pilote automobile britannique) et Harry Kane (joueur de foot britannique) chez Hugo Boss ; Younes Bendjima (boxeur français), Kylian Mbappé et Zinedine Zidane (tous deux joueurs de foot français) chez Dior ; ou encore Sébastien Chabal (rugbyman français) chez Caron. La liste serait trop longue pour la poursuivre…
Leur stratégie marketing ensuite : les univers olfactifs de ces nouvelles créations portent des valeurs viriles, faisant certes appel au registre de la fraîcheur bienvenue après s’être dépensé (en considérant toujours que cela n’arrive qu’à ces messieurs), mais aussi bien souvent à la puissance, avec l’appui des bois ambrés ou du registre sucré. Les flacons sont uniformisés avec des couleurs sombres (noir, bleu, gris).
Aujourd’hui, la tendance « extrême » s’est imposée à son tour, faisant le relai des attributs de force liés aux hommes, et suivant la montée en puissance qui se généralise dans les flacons, quel que soit le genre auquel ils sont destinés.
Bref : le parfum, c’est comme le sport. Tant que ça fait vendre, on est prêt à investir… Et tant pis si c’est en dépit du bon sens ! Les très nombreuses compétitions sportives sont l’occasion pour les grands groupes comme Coty et LVMH de mettre en avant leurs marques. Logos imprimés sur les maillots, bannières déployées autour des stades et donc visibles tout au long des matchs, ou bien de spots publicitaires diffusés juste avant les diffusions télévisées et monnayés à prix d’or… S’ils sont prêts à tant de dépenses, c’est évidemment parce que cela rapporte gros. Bernard Arnault, le patron de LVMH, le sait bien : comme l’a dévoilé une enquête de Dan Israel et Khedidja Zerouali publiée par Médiapart le 19 juillet dernier,[1]Voir https://www.mediapart.fr/journal/france/190724/jo-lvmh-s-offre-une-place-de-roi-pour-la-ceremonie-d-ouverture celui-ci profite de l’occasion pour mettre en avant ses marques, notamment Louis Vuitton, dont la Fondation a accueilli la flamme durant une après-midi. Histoire de ne pas manquer, selon les propos de son fils Antoine Arnault, les « centaines de millions de paires d’yeux [qui] seront braquées » sur les JO, qui sont autant de portefeuilles à conquérir…
Visuel principal : Un athlète soulevant de lourdes masses, Reims, 1913, Agence Rol. Source : Gallica.bnf.fr / BNF
Rédactrice en chef web associée des sites Nez et Auparfum.
Titulaire d'un diplôme en philosophie, elle s'intéresse à l'esthétique du parfum et de la cuisine, à l'éthique et à l'épistémologie.
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Digital Deputy Chief Editor for Nez and Auparfum.
She holds a master's degree in philosophy and is interested in the aesthetics of perfume and cooking, ethics and epistemology.
Odeur de crème solaire, éclosion de jasmin et journées qui s’étirent… L’été s’est installé, et avec lui les vacances, pour les plus chanceux. Un peu plus de temps pour se reposer, profiter de ses proches, respirer l’air marin mais aussi pour lire ! Nous avons regroupé ici les derniers ouvrages qui font du nez leur maître mot, pour rendre vos siestes estivales plus érudites… ou pour voyager au creux de rêveries odorantes après une journée au bureau.
Et, bonne nouvelle : pour remplir vos bibliothèques, Nez vous offre les frais de port sur de nombreux livres cet été !
Quelques rêveries olfactives…
Ce Parfum rouge de Theresa Révay, par Guillaume Tesson Stock, mars 2024, 377 pages, 21,90€
1934. La jeune Nine Dupré, qui a fui la Russie, enfant, lors de la prise du pouvoir par les bolcheviques, est aujourd’hui chimiste pour des maisons de parfums. Elle tente d’imposer ses élans créatifs, dans une atmosphère concurrentielle tendue par la crise économique. Nine vit hantée par le souvenir d’un père parfumeur resté à Moscou et dont elle est sans nouvelles. Jusqu’au jour où son nez perçoit, échappé d’une proche collaboratrice de Staline en visite en France, un sillage que seul son paternel a pu créer… Theresa Révay, pour qui « les parfums, les sons et les couleurs se répondent », s’est inspirée de la parfumeuse Germaine Cellier pour donner vie à son personnage principal, dans cette fresque émaillée de références à l’histoire de la parfumerie. L’arrière grand-oncle de la romancière n’était autre que Léon Givaudan, le chimiste qui mit au point les aldéhydes de haute qualité ayant permis à Ernest Beaux de composer son chef d’œuvre, Chanel N°5. On comprend mieux pourquoi, au milieu de figures de l’industrie imaginaires ou bien réelles, les fragrances Moscou la rouge (rebaptisée L’Aube rouge dans le roman) et Chanel N°5 font figure d’authentiques protagonistes aux côtés d’une héroïne diablement attachante. L’ensemble, porté par un souffle romanesque, se dévore comme une bonne série Netflix.
La Croisée des sillages de Clémentine Humeau, par Jessica Mignot Autoédition limitée à 200 exemplaires, 280 pages, accompagnée du parfum créé par Clémentine Humeau, flacon de 50ml, 159€
Dans ce roman aux allures de conte, on croise un écrivain public, un arbre magique, un photographe de rêveries, un révélateur d’empreintes… et mille évocations sensorielles, qui rappellent combien les couleurs mais aussi les odeurs, les sons et les saveurs, trop souvent inaperçus, texturent notre monde. L’autrice et parfumeuse Clémentine Humeau a également imaginé un sillage qui se fait l’écho baumé, enneigé et moussu de cette histoire amoureuse singulière et lumineuse, racontant avec ses notes ce que le livre narre avec ses mots.
Les Chandeliers de Sioux Berger, par Jessica Mignot Éditions du Rocher, avril 2024, 233 pages, 18€
La trame principale de ce troisième roman de la journaliste Sioux Berger s’ancre dans un atelier de confection de bougies. Mais au-delà d’un simple ornement romanesque, les parfums remplissent un rôle central : ils ouvrent une pluralité de mondes, construisent des passages temporels et tissent des liens entre les êtres. Fourmillants de souvenirs pour Augusta, vieille dame au passé secret ; points d’ancrage du petit David ; éléments de travail de Sandrine, apprentie parfumeuse ; matières à réflexion pour l’agent immobilier Chérif : les odeurs font bel et bien partie de notre histoire collective et individuelle. Aérant les pages de leur légèreté, elles nous mènent comme un thème musical à travers une quête mystérieuse, que l’on suit par le bout du nez.
Des essais bien sentis…
Les Secrets des parfums de Sylvaine Delacourte, par Jeanne Doré Belin, avril 2024, 224 pages, 17,90€
Vous avez toujours rêvé de vous infiltrer dans les coulisses d’une grande marque de parfums ? Sylvaine Delacourte, directrice création parfum chez Guerlain pendant plus de quinze ans avant de créer sa propre société, nous offre ici un récit personnel de son parcours qui ouvre les portes des laboratoires de la maison parisienne. Une tranche de vie riche d’expériences, racontée de manière franche et avec beaucoup de pédagogie, qui rappelle le ton de la parfumeuse sur son site, Esprit de parfum. Parfait pour les curieux qui souhaitent comprendre comment sont imaginées les fragrances, de l’inspiration initiale au design du flacon, en passant bien sûr par la formulation et l’évaluation.
L’Appel des odeurs de Ryoko Sekiguchi, par Clara Muller P.O.L, février 2024, 272 pages, 20€
Après Sentir (2021) qui nous plongeait dans les arômes des vins de Champagne, Ryoko Sekiguchi nous ouvre d’autres horizons olfactifs dans cet ouvrage qui se lit tantôt comme un recueil de nouvelles, tantôt comme un journal intime dans lequel se seraient glissées des bribes de poèmes. Partout, sous toutes leurs formes, on y rencontre « ces “autres êtres” que sont les odeurs » : celles que l’on sent, celles que l’on croit sentir et celles que l’on ne sent plus. De notes en récits, de récits en questions sans réponses, se dessine la relation singulière de l’autrice aux senteurs des êtres et des choses, que sa langue suffit à invoquer, et qui sont à la fois sensations, métaphores et présences. Dans ces pages, quelque chose de fort et de beau nous appelle : ne craignons pas de nous y perdre ; ni de nous y retrouver.
Par le bout du nez de Sarah Bouasse,par Clément Paradis Calmann-Lévy, mai 2024, 250 pages, 18,50€
Peut-on se raconter par ce que l’on sent plutôt que par ce que l’on voit ? Sarah Bouasse, journaliste et rédactrice pour Nez, tente l’expérience et nous guide dans un dédale d’odeurs – dont on se rend bien vite compte qu’il est aussi le nôtre. Odeurs de maisons de vacances, parfums de l’adolescence, remugles urbains : l’autrice rappelle que nous sentons chaque fois que nous respirons, soit plus de 20 000 fois par jour. Se trace donc au fil des pages un monde intime et partagé de perceptions communes, d’époques traversées et de pertes irrémédiables… Alors que le sens olfactif, lui, se charge de tout retrouver, que ce soit le fond de Shalimar, les effluves d’un prof de danse, ou ceux de notre propre corps. Disponible sur le Shop, by Nez
& De la culture, pour un nez bien élevé !
Les Parfums de la nature de Roland Salesse, par Jeanne Doré Quæ, juin 2024, 152 pages, 23€
On ne présente plus Roland Salesse, ancien directeur du laboratoire de Neurobiologie de l’olfaction au centre INRAE de Jouy-en-Josas, cofondateur de l’association d’éducation olfactive le Nez en Herbe et auteur, entre autres, de Faut-il sentir bon pour séduire ? et du Cerveau cuisinier. Celui-ci nous offre un voyage dans le nez des autres vivants, avec une approche résolument scientifique, parfois technique lorsqu’il s’agit de décrire les réactions biochimiques, mais toujours pédagogique. Le résultat est passionnant, et permet de comprendre comment les odeurs font partie intégrante de la nature et sont des indispensables du vivant. Il offre une autre manière de percevoir le monde et ses mille parfums, non plus comme de simples agréments pour nous, mais comme un langage complexe aux fonctions diverses et à destination de tous ceux qui le peuple : végétaux, insectes et animaux (humains compris). Nécessaire et franchement réussi.
Sentir. Comment les odeurs agissent sur notre cerveau de Hirac Gurden, par Clément Paradis Les Arènes, avril 2024, 256 pages, 21€
Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, et rédacteur pour Nez, nous livre un ouvrage accessible et généreux sur l’odorat et ses mécanismes. Ici on parle du fonctionnement de notre nez, de notre cerveau, de ce qui définit une odeur, mais aussi de nos effluves corporels et de ce que l’on met dans nos assiettes. En plus de quelques détours par l’histoire du parfum et l’observation du règne animal, la narration s’autorise parfois à glisser vers la première personne pour permettre au chercheur de partager sa madeleine de Proust et les effluences marquantes de son passé. Ce panorama ne serait pas complet sans un chapitre sur la perte d’odorat et sur les protocoles de rééducation olfactive que Hirac Gurden développe depuis plusieurs années, notamment pour aider les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Disponible sur le Shop, by Nez
La Vanille en parfumerie, La Feuille de violette en parfumerie, Collectif, Nez+LMR Cahiers des naturels Par Éléonore de Bonneval, Olivier R.P. David, Jeanne Doré, Anne-Sophie Hojlo, Jessica Mignot, Clara Muller, Delphine de Swardt. 96 pages, 16€
La collection lancée en collaboration avec LMR Naturals, la référence pour les matières premières naturelles, s’enrichit de deux nouveaux ouvrages, consacrés à la vanille et à la feuille de violette. Saviez-vous que cette dernière – dont l’odeur nous est moins familière que celle de sa fleur – a rejoint la palette des parfumeurs au début du XXe siècle ? Et que la vanille, originaire du Mexique, était déjà employée par les Aztèques pour parfumer le cacao ? Quatre éditions par an proposent de (re)découvrir les ingrédients naturels de la parfumerie sous toutes leurs facettes, avec un regard à 360 degrés : botanique, histoire, gastronomie, agriculture, chimie, sans oublier bien sûr fragrances et parfumeurs ! Disponibles sur le Shop, by Nez
L’Art du naturel, Collectif, Nez+LMR Cahiers des naturels Par Béatrice Boisserie, Sarah Bouasse, Éléonore de Bonneval, Aurélie Dematons, Judith Gross, Jessica Mignot, Guillaume Tesson, Delphine de Swardt. 96 pages, 16€
Femme pionnière et iconoclaste, Monique Rémy a fondé LMR en 1983, guidée par son amour du vivant. Par son audace, son exigence et son intégrité, elle a su fédérer autour d’elle des alliés de choix, en premier lieu les parfumeurs, en leur proposant des extraits naturels à la qualité jamais compromise. Dans le giron d’IFF depuis 2000, LMR est toujours resté fidèle à ses valeurs d’origine : transparence, respect et innovation. À l’occasion des 40 ans de la société, parfumeurs de tous horizons, ingénieurs, producteurs, dirigeants et partenaires qui ont croisé la route de sa fondatrice lui rendent hommage, révélant le caractère unique de son histoire. Disponible sur le Shop, by Nez
Éditions dédiées, égéries célèbres et imaginaires partagés : si le sport fait transpirer, la parfumerie n’a cessé d’y trouver un ancrage et un moyen de vendre.
À l’occasion des Jeux olympiques à Paris, nous vous proposons une plongée dans les premiers flirts entre disciplines sportives et flacons de parfum, pour mieux comprendre en quoi ceux-ci sont liés !
Les premiers Jeux olympiques connus ont eu lieu lors de l’été 776 avant J.-C. à Olympie dans le sud de la Grèce. Ils ont été créés en l’honneur de Zeus, roi des dieux. Entre guerres et conflits, la flamme olympique ne fut rallumée qu’en 1896 à Athènes et a été célébrée tous les quatre ans depuis lors (entrecoupés par les deux Guerres mondiales). En 1924, les Jeux olympiques d’hiver ont vu le jour dans les Alpes françaises. Cent ans plus tard, la France accueille de nouveau les Jeux, et les marques de parfum y voient une opportunité marketing rêvée. Mais ce n’est pas nouveau : dès les débuts de la parfumerie moderne, les marques n’ont pas manqué de s’inspirer du sport pour imaginer de nouveaux lancements, main dans la main avec la mode.
Jean Patou et l’Huile de Chaldée
Jean Patou est l’un des premiers à avoir initié ce lien entre sport et parfum. Il conçoit alors des vêtements adaptés aux activités en plein air, comme la jupe de la célèbre tenniswoman Suzanne Lenglen. C’est dans cette lignée, et pour accompagner les aristocrates qui s’évadent à la mer l’été et profitent d’un bronzage qui n’est plus le signe des classes inférieures, qu’il imagine ses créations : « Patou (comme Chanel) imagine des vêtements décontractés pour la plage, pour la campagne et pour les activités de plein air – à une époque où la pratique du sport se popularise et où les événements sportifs deviennent médiatiques. Dans cette veine, il propose également à ses clientes, en 1927, une huile de bronzage teintée (rouge ocre) et parfumée, l’Huile de Chaldée », explique Yohan Cervi dans Une Histoire de parfums. Suivra Le Sien, en 1929, conçu comme unisexe : « bien que demeuré confidentiel, celui-ci témoigne d’un changement des mentalités dans la manière de concevoir le parfum », poursuit-il.
Suzanne Lenglen, 1920 Photographie de presse, agence Rol Source : gallica.bnf.fr / BnF
Lacoste, des polos et des crocos
C’est la même année que le « crocodile » est né. Surnommé ainsi par un journaliste américain à la suite d’un match acharné, le jeune tennisman français René Lacoste fait broder dès 1927 ce reptile, dessiné par Robert George, sur ses polos. Le logo devient alors un symbole et évolue au fil des campagnes publicitaires. En 1967, la marque propose son premier parfum, une Eau de Lacoste pour les sportifs. S’ensuivront d’autres créations en lien avec le sport tels que la série L.12.12 en 2011, qui fait référence au premier polo blanc inventé par René Lacoste, et Match Point, imaginé par Sophie Labbéen 2020. Aux profils aromatiques, ces parfums s’identifient au tennis et participent à l’image d’une discipline élégante.
Le cheval de bataille d’Hermès
Une autre grande maison française entretient depuis sa création des liens très étroits avec le sport, et en particulier avec l’équitation : Hermès. Fondée en 1837, elle se consacre d’abord au travail du cuir en tant que maître sellier au 24, faubourg saint Honoré, avant d’étendre sa gamme pour s’adapter à sa clientèle. Si L’Eau d’Hermès, composée par Edmond Roudnitska en 1951, faisait déjà référence à l’univers équestre avec ses facettes de cumin et de cuir, L’Eau de Cologne d’Hermès (rebaptisée Eau d’orange verte depuis) s’accompagne de toute une campagne publicitaire mettant en scène différentes pratiques sportives. Les suivants poursuivent la tendance équestre : de Calèche (1961) signé Guy Robert à Galop de Christine Nagel (2016), jusqu’au plus récent Oud alezan (2024) dans la collection Hermessence, sans compter les nombreux échos au cuir dans d’autres créations.
Ralph Lauren, sport d’élite
Outre Atlantique, c’est le jeune américain Ralph Lauren qui bouleverse les tendances. Celui-ci n’avait pourtant rien d’un sportif. Le styliste, qui avait pour ambition de bouleverser les codes, confectionne d’abord des cravates très larges qui évoquent le glamour du vieux Hollywood. Peu à peu, il parvient à séduire un public avec ses costumes de flanelle blanche et ses chemises habillées. En 1972, il lance une gamme de polos dans une palette de couleurs éclatantes. Suivra, en 1978, le premier parfum avec une bouteille verte distinctive au design vintage, renfermant des notes de pin, de cuir et de tabac. Pour le promouvoir, une publicité met en scène des joueurs de polo en pleine action. Ralph Lauren utilise ainsi le sport comme outil de communication, et reprend les codes de sports élitistes : le tennis, le golf, la chasse… qui répondent parfaitement aux imaginaires de la parfumerie, une industrie tenue par la classe bourgeoise. Cela lui vaudra d’être l’habilleur officiel du tournoi de Wimbledon en 2006 et de l’équipe olympique américaine en 2008 et 2024.
Bien d’ autres marques ont suivi son exemple et choisi le sport comme outil marketing : loin de constituer une référence anecdotique, il est même devenu une véritable habitude de l’industrie. C’est ce que nous dévoilerons dans le prochain article de cette mini-série !
Que se passe-t-il en nous et entre nous lorsque nous respirons un arbre, une fleur ou une trace animale ? Historienne de l’art et rédactrice pour Nez, Clara Muller nous propose une conférence dans laquelle elle souligne l’importance de l’odorat dans notre attachement au monde vivant qui nous entoure.
Entre salon et festival, la première édition de la Paris Perfume Week a réuni professionnels et amateurs passionnés au Bastille Design Center, du 21 au 24 mars 2024. Son objectif : rendre compte de l’effervescence de la culture olfactive, et mettre en avant les acteurs d’une industrie multiple – marques, maisons de composition et producteurs de matières premières. Sur la scène des Smell Talks se sont succédés des masterclass de grands parfumeurs… et des conférences et tables rondes sur les dernières avancées de la recherche, ou les relations que le parfum peut entretenir avec l’art, la musique, le cinéma ou la mode. Nez vous propose de redécouvrir certaines de ces interventions.
Journaliste spécialisé en gastronomie et spiritueux, membre du collectif Nez, Guillaume est l’auteur du Petit Larousse des cigares. À l’écoute des goûts et des odeurs, il est responsable de la chaine Podcasts by Nez.
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