Grasse, l’ancrage naturel de dsm-firmenich

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Si dsm-firmenich est d’abord connue pour son expertise en molécules de synthèse, la maison de composition est présente à Grasse depuis 2007. Son implantation progressive s’y est concrétisée en 2020 avec l’acquisition de la Villa Botanica, un havre de nature ouvert aux parfumeurs et aux clients dès l’année suivante. Elle raconte aujourd’hui cet ancrage dans un ouvrage qui dévoile la symphonie des quatre saisons au cœur de la capitale mondiale de la parfumerie.

On a souvent limité dsm-firmenich à la création de molécules de synthèse dans laquelle elle a été pionnière. C’est en effet à Genève, loin des champs de fleurs, qu’a débuté son histoire : le chimiste Philippe Chuit s’associe au financier Martin Naef en 1895, alors qu’émergent à peine les premiers ingrédients synthétiques qui permettront à la parfumerie moderne de voir le jour. Dans le local loué par Charles Firmenich, ils développent un procédé de fabrication de vanilline, créent des molécules devenues iconiques comme l’Iralia à l’odeur de violette irisée, qui entre dans la base Diantine sans laquelle le grand Origan de Coty (1905) n’aurait pas existé. Un véritable centre de recherches voit le jour, alors dirigé par Leopold Ruzicka, qui obtient un prix Nobel en 1939 pour son travail sur les muscs. 

Son expertise technique est aussi ce qui permet à la société de trouver les meilleures techniques d’extraction pour les matières premières naturelles. Si l’on parle aujourd’hui comme d’une innovation de l’extraction aux fluides supercritiques (aussi appelée extraction CO2), rappelons qu’elle a été introduite à échelle industrielle pour les applications aromatiques dès 1994 chez dsm-firmenich, qui développera notamment un extrait de poivre rose entrant dans la composition de Pleasures d’Estée Lauder.
La société a également officialisé en 2021 un procédé d’extraction électromagnétique, baptisé Firgood, qui utilise l’eau déjà présente dans la biomasse, sans ajout de solvant, très peu gourmande en énergie. Et surtout pourvoyeuse d’extraits d’une pureté olfactive sans précédent – qui permet même de faire parler les fleurs jusque-là muettes.

Pionnière donc sur la synthèse mais aussi sur les techniques d’extraction des naturels, dsm-firmenich incarne l’interdépendance de ces types d’ingrédients bien souvent opposés. Comme le résume Fabrice Pellegrin, parfumeur principal et directeur de l’innovation des produits naturels de la société : « Cette opposition n’a pas de pertinence dans notre métier : la synthèse apporte la modernité, le naturel offre la poésie ; nous avons absolument besoin des deux pour créer ». Rappelons une fois de plus que naturel et synthèse fonctionnent toujours main dans la main : cette dernière résulte souvent de l’étude des ingrédients naturels, soit parce qu’ils permettent d’identifier des corps odorants qui seront ensuite synthétisés, soit parce qu’ils servent de base pour les réactions permettant d’obtenir des molécules. 

Le travail des naturels, que la société a ainsi à cœur depuis plus de deux décennies, est magnifiquement représenté par les photographies de Philippe Frisée, qui illustrent l’ouvrage Grasse – De la fleur au parfum tout juste publié chez Gallimard. L’occasion pour dsm-firmenich de conter, sous les mots de Lionel Paillès, son ancrage dans la capitale de la parfumerie, à travers les quatre saisons qui bercent les cultures et donnent leur tempo aux productions. Champs de rose centifolia, lavande, jasmin grandiflorum et mimosa s’entremêlent aux ateliers d’extractions chromés, aux blouses blanches des équipes techniques : un beau livre pensé comme une essence dans laquelle seraient distillés les seize ans de présence de la société dans la cité provençale.

Celle-ci débute en effet avec le rachat de Danisco, spécialiste des arômes, en 2007. Pierre Ruch, actuel président du site de dsm-firmenich Grasse et directeur des opérations, faisait partie de cette société danoise. Il se souvient de ces années : « Suite au rachat, il a été décidé d’y créer un site d’excellence pour les ingrédients naturels, où l’on a rapatrié les acheteurs, la partie innovation, celle de la recherche et développement pour y faire des essais pilote… Dès lors que l’on parle des naturels, avoir toute l’équipe sur place devient une nécessité : les différentes étapes sont toutes en lien, c’est un véritable écosystème. On est désormais 150 personnes sur site. » Et Fabrice Pellegrin de compléter : « Avoir tous les systèmes de transformation sur place est une véritable chance : on peut faire les productions au niveau laboratoire comme au niveau industriel. C’est un gain de temps dans le développement des nouveaux produits, qui prend déjà plusieurs années. »
À l’usine de Tourrettes sont extraites les plantes locales cultivées par les producteurs locaux de renom, comme les Rebuffel dont dsm-firmenich s’est engagé, dès le début des années 2000, à acheter toute la production de rose centifolia. En s’implantant dans le berceau de la parfumerie, la société s’inscrit cependant dans le futur : les partenariats sont pensés sur le long terme, et permettent de sécuriser les approvisionnements même lorsque les récoltes sont mauvaises. 

Mais tout ne peut pas être produit à Grasse : les matières premières viennent souvent de plus loin. dsm-firmenich a développé un système de partenariats en joint-venture – c’est-à-dire en prise de participation actionnariale – avec les meilleurs producteurs à la source sur chaque continent. « J’ai accompagné le premier que nous avons mené avec Jasmine Concrete en Inde en 2014, Nelixia au Guatemala en 2018 » explique Pierre Ruch. « Et nous venons de nous engager dans un nouveau partenariat prometteur à Madagascar. Nous leur garantissons une sécurité financière grâce aux contrats de collaboration, et pouvons apporter notre savoir-faire en termes d’extraction. Mais ce sont eux qui gèrent sur place. » dsm-firmenich est ainsi la maison de composition qui offre le plus large portefeuille d’ingrédients à ses parfumeurs, tant au niveau des naturels que des synthétiques.

Ce sont d’ailleurs les parfumeurs eux-mêmes qui choisissent les prochaines matières qui viendront enrichir leur palette, et notamment Fabrice Pellegrin. « Les producteurs nous font parvenir leurs nouvelles biomasses, et nous cherchons la meilleure extraction. Après une première sélection, nous réunissons les maîtres parfumeurs à la Villa Botanica, un lieu idyllique acquis en 2020 par la société. » Il faut imaginer une bastide provençale autour de laquelle poussent une multitude de plantes à parfums, et qui offre une vue imprenable sur la baie de Cannes. Une serre de 100m2 complète depuis peu le tableau : on peut y sentir nombre de ces plantes exotiques cultivées à travers le monde qui entrent dans la palette des créateurs.

La Villa Botanica, écrin de nature. Crédit photo : Philippe Frisée

Pour le parfumeur, qui a porté ce projet, le lieu relève de l’évidence : « C’est un véritable écrin qui n’existe pas ailleurs. Sa fonction est triple : elle constitue un espace de travail unique pour nos parfumeurs, qui ont tout à disposition pour faire des essais, des pesées, mais dans un environnement exceptionnel, où ils se sentent chez eux. C’est aussi un lieu de réception magnifique pour nos clients, qui peuvent par exemple y organiser des lancements. Sa vocation est également pédagogique : créateurs et clients peuvent y retrouver les plantes qui entrent dans les compositions. » Quelle meilleure manière de mettre en avant sa ville natale ? Lorsqu’il a présenté ce projet, l’équipe de dsm-firmenich en a immédiatement saisi tout le potentiel. Elle s’est largement impliquée pour le mettre en place, et a su s’entourer des meilleurs : c’est ainsi Antoine Leclef, jardinier paysagiste, qui est aux rênes de ce jardin aux allures d’Eden.

La société fourmille d’idées pour les années à venir, et nourrit notamment l’ambition de faire du lieu une « Villa Médicis du parfum » qui permettra des échanges entre les parfumeurs et d’autres créateurs. C’est d’ailleurs ici que Fabrice Pellegrin a invité le chef étoilé Akrame Benallal, avec lequel il a imaginé Adorem, un parfum de la collection 1+1 éditée par Nez.
Cette vision de l’avenir illustre parfaitement l’objectif de dsm-firmenich dans son ancrage grassois : rendre hommage à la nature, la protéger, la sublimer par la création artistique, grâce aux avancées de la technologie.

Visuel principal : © Philippe Frisée

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