Gayil Nalls : « World Sensorium a toujours été un projet environnementaliste »

Vous l’avez peut-être découverte parmi les icônes du treizième numéro de Nez : l’artiste Gayil Nalls est la fondatrice du World Sensorium Conservancy (WSC), un organisme qui se consacre à la préservation des plantes odorantes et médicinales face au réchauffement climatique. Répertoire des espèces aromatiques signifiantes pour chaque pays du monde, informations scientifiques sur les dangers encourus par celles-ci, solutions pour minimiser notre impact sur la biosphère et favoriser la conservation de ces espèces, dons de plants d’arbres endémiques ou encore collaborations avec des organisations et chercheurs internationaux sont au cœur de cette entreprise multi-facettée qui trouve son origine dans un projet artistique au long cours. Rencontre.


Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux odeurs et aux plantes odorantes ?

Du plus loin que je me souvienne, mon odorat a toujours été important pour moi. Quand j’étais jeune, le porche arrière de la maison était mon voilier et j’imaginais que je naviguais autour du monde. À chaque escale je collectais les fleurs et plantes locales que je rapportais sur mon bateau. Je les inspectais, les dessinais, les broyais et les humais longuement, puis je les stockais dans de vieux pots que m’avait donnés ma grand-mère. Mon odorat m’a permis de trouver du sens au monde. Dès mon plus jeune âge, j’ai senti que je comprenais l’esthétique des senteurs et des paysages olfactifs créés par les plantes. Ces sensations éphémères étaient pour moi le meilleur, le plus vrai de la vie. 

World Sensorium était à l’origine une « sculpture sociale olfactive » fondée sur un travail de recherche ethnobotanique. Pouvez-vous nous expliquer la méthodologie qui sous-tendait ce projet artistique ?

World Sensorium est né d’une entreprise de recherche interdisciplinaire. Il s’agissait de créer et de partager une expérience sensorielle incarnée du monde à travers un parfum composé de matières aromatiques emblématiques de chaque pays. Lors de la formulation, les ingrédients, choisis par chaque pays selon les valeurs qu’ils leurs attachent, furent dosés en fonction de la population de sa nation d’origine, afin que tout le monde soit représenté. Ce projet, né dans les années 1980, a nécessité deux années avant le lancement d’une étude ethnobotanique mondiale menée pendant plus de cinq ans, pays par pays. Les données issues de celle-ci ont permis de déterminer les composants botaniques de la formule de World Sensorium. Toutes ces plantes sont essentielles aux valeurs traditionnelles et religieuses de chaque pays, à leurs modes de vie, leur alimentation, leurs croyances, leurs visions du monde, à leur sécurité financière voire même à leur survie. 95 % d’entre elles ont des propriétés médicinales connues de longue date par les populations autochtones.

Le parfum qui constitue l’œuvre a été présenté de diverses manières depuis une vingtaine d’années…

Oui, World Sensorium a fait ses débuts le soir du passage à l’an 2000, à la fois à Times Square à New York, au gala Millennium Around the World à Washington, au Jubilé du millénaire du Vatican à Rome et lors d’autres événements, grâce à des cartes micro-encapsulées. Pour Times Square, elles ont été larguées à minuit sur une mer de 2 millions de personnes : dix grammes de World Sensorium furent libérés lorsque les opercules ont été ouverts ! La première exposition a eu lieu à la galerie Steffany Martz à New York la même année. Le parfum était présenté dans un flacon sur un piédestal et diffusé dans l’espace grâce à un appareil conçu spécialement pour l’occasion. Les gens entraient, s’asseyaient et respiraient. J’avais également enregistré le son de ma respiration que je diffusais à très faible volume dans l’espace afin que les visiteurs imitent mon schéma respiratoire, pour approfondir leur expérience de l’œuvre. Il me semblait cependant que celle-ci n’était pas complète, alors au Cill Rialaig Arts Centre en Irlande j’ai opté pour une application plus ritualisée. Puis à la Villa Rot de Ulm et à l’Université de Zagreb en Croatie, j’ai préféré une approche d’auto-application accompagnée d’instructions.

Times Square, le soir du passage à l’an 2000 © Gayil Nalls

La plante la plus citée dans World Sensorium est le jasmin (11 pays) qui représente 24% de la formule. On peut donc considérer que son odeur fait partie des plus importantes pour l’humanité, puisque des millions de personnes partagent un attachement émotionnel et/ou culturel à celle-ci partout dans le monde.

En effet. Le parfum de cette fleur est d’ailleurs utilisé depuis des siècles pour aider à surmonter les moments de chagrin et de souffrance. Nicholas Culpeper, botaniste et médecin anglais, écrivait dans son livre de 1653, The Complete Herbal, que les personnes endeuillées devaient s’immerger dans un bain de fleurs de jasmin bouillies dans de l’huile. Les gens tendent à former des liens à travers les émotions communes suscitées par certains parfums qui, ainsi, participent à une forme de cohésion culturelle. Le jasmin, l’une des efflorescences les plus parfumées de la planète, possède par ailleurs un grand pouvoir symbolique – notamment politique. La révolution tunisienne de 2011, aussi parfois appelée « Révolution du jasmin » (cette fleur étant le symbole du pays) avait permis de renverser les dirigeants. Le mouvement d’émancipation démocratique s’est mis à se répandre dans d’autres pays : se sentant menacé, le gouvernement communiste chinois a alors symboliquement banni la fleur, interdit la consommation de thé au jasmin, annulé le Festival culturel international qui lui est dédié et purgé Internet de toutes ses références, qu’elles soient historiques ou contemporaines. Quiconque était surpris en train de porter cette fleur, ou s’en étant parfumé, était immédiatement considéré comme un subversif et arrêté ! Certains Chinois se sont alors mis, par défi, à chanter des chansons traditionnelles qui en font mention.[1]Andrew Jacobs, « Catching Scent of Revolution, China Moves to Snip Jasmine », The New York Times, 10 mai 2011.

Pour créer World Sensorium, vous avez obtenu le parrainage de l’UNESCO. Selon vous, qu’est-ce qui a séduit une telle organisation dans votre projet ?

Je travaillais sur World Sensorium depuis des années lorsque j’ai commencé, en 1997, à collaborer avec l’UNESCO sur le projet et la nécessité de reconnaître les plantes aromatiques emblématiques comme faisant partie du patrimoine culturel de l’humanité. En 1998, le The President’s Committee on the Arts and the Humanities[2]Le PCAH était un comité gouvernemental américain dédié à la culture, créé en 1982 et actif jusqu’en 2017 avant que Donald Trump décide de ne pas le reconduire. et l’UNESCO ont approuvé le projet. Federico Mayor Zaragoza, le directeur général de celle-ci de 1987 à 1999, était un neurochimiste, titulaire d’un doctorat en recherche pharmaceutique : il avait bien compris l’importance des composés bioactifs des plantes au cœur de World Sensorium et lui avait accordé le titre de « Projet de paix et de bonne volonté ». Cela coïncidait avec le lancement du projet à Times Square au moment de l’an 2000, qui avait été désigné « Année internationale pour la culture de la paix » par les Nations Unies.

World Sensorium, First Record, Preservation Edition, 2000.
Amber Borosilicate Bottle, 4 x 2 inches, 100ml at 25%, Edition of 18.
© Gayil Nalls

Comment ce projet artistique a-t-il évolué pour devenir le World Sensorium Conservancy (WSC) ?

World Sensorium a toujours été un projet environnementaliste, avec l’envie de créer d’une conscience unificatrice. En 2016, j’ai commencé à compiler un ensemble de données catégorisant les plantes du World Sensorium en fonction de leur statut de vulnérabilité. Grâce à la Liste rouge de l’UICN[3]La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, commencée en 1964, est l’inventaire mondial de l’état de conservation global des espèces végétales … Continue reading, qui est censée être la plus complète, j’ai appris qu’une espèce de pin des États-Unis et que le cèdre du Mulanje, endémique du Malawi, étaient en « danger critique d’extinction ». Les espèces botaniques emblématiques de onze pays étaient classées comme « menacées » et celles de douze autres étaient répertoriées comme « vulnérables ». En revanche, 128 plantes du projet World Sensorium n’étaient pas répertoriées dans la base de données de l’UICN, car les conséquences du changement climatique augmentent plus rapidement que ce que peut refléter leur base de données. Or je savais qu’il existait des problèmes de conservation pour beaucoup d’entre elles. C’est pourquoi les pages pays sur le site du WSC[4]Voir en ligne sur le site https://worldsensorium.com/#countries expliquent non seulement leur valeur culturelle mais examinent également la manière dont le changement climatique les affecte, ainsi que les personnes qui en dépendent.

Quelles sont désormais les missions du WSC ?

Nous ne souhaitons pas seulement éduquer et informer les gens sur la situation des plantes du patrimoine culturel face à l’effondrement de la biodiversité et au changement climatique, mais aussi les inspirer et les pousser à agir à travers un projet à la fois artistique et scientifique. Afin d’œuvrer pour leur conservation, il est impératif que les hommes appréhendent pleinement la fonction vitale de celles-ci pour leurs écosystèmes, pour les autres animaux et l’humanité en général. Je demande parfois aux personnes ayant fait l’expérience de World Sensorium : « Peut-on imaginer un avenir sans ces plantes aromatiques ? » Ce ne serait pas seulement une perte de qualité de vie, ce serait une véritable crise du sensible et de la mémoire. Sans oublier que, faisant partie du règne végétal, elles nourrissent tout ce qui vit et produisent de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone. Les végétaux nous ont tout donné. Sans eux, nous n’existons pas. Nous avons donc besoin que chacun s’implique dans leur préservation. C’est pourquoi le WSC construit une communauté active pour initier le changement et faire face à la crise.

Pourquoi, selon vous, l’approche olfactive s’avère-t-elle particulièrement efficace pour impliquer les gens dans la préservation des plantes ? Serait-ce, comme le dit Andreas Keller[5]Andreas Keller, « How We Perceive Nature Through Our Sense of Smell », Plantings, n° 14, août 2022., parce les odeurs émanent surtout des êtres vivants et sont donc liées à chaque forme de vie ainsi qu’à l’acte même qui nous maintient en vie?

On me dit souvent : « C’est original d’allier conservation écologique et olfaction ! » Or pendant des millions d’années, jusqu’à il y a moins de deux cents ans, les odeurs provenaient principalement des plantes et des bactéries. D’ailleurs, parce que nous avons co-évolué avec une flore spécifique, différents groupes de population possèdent des séquences de gènes différentes affectant leur capacité à sentir différents composés. Certaines plantes choisies par des pays pour World Sensorium n’ont que peu ou pas d’odeur pour des personnes originaires d’autres contrées !

Comment surveillez-vous à présent le statut des plantes répertoriées dans le WSC ?

Il existe un certain nombre d’organisations que nous surveillons, dont l’UICN. Mais, en raison des longues périodes entre les réévaluations des espèces menées par l’UICN, ses commissions de soutien et ses collaborateurs externes, l’état enregistré des espèces figurant sur la liste ne reflète souvent pas l’état de conservation actuel de nombreuses plantes. Le WSC documente donc divers niveaux de menace d’espèces qui ne figurent toujours pas dans la base de données de l’UICN. Par exemple, en 2018, les États-Unis comptaient vingt-sept espèces différentes de pins dont le statut était considéré comme « peu préoccupant », trois espèces étaient classées comme « quasi menacées », une était classée comme « vulnérable », trois étaient classées « en voie de disparition » et trois « en danger critique d’extinction ». Mais cette évaluation ne reflétait pas certains risques actuels notamment dus aux scolytes et au risque d’incendies qu’ils provoquent : en effet, lorsque ces coléoptères attaquent les pins, ces derniers produisent plus de terpènes pour se défendre, mais cela les rend plus inflammables. En surveillant les composés organiques volatiles émis par les arbres, on peut évaluer le risque d’incendie et cette nouvelle vulnérabilité pourrait être prise en compte. Nous surveillons donc également les revues scientifiques, les rapports sur le climat, les rapports de conférence, les articles de presse, etc : la prise en compte des dernières recherches scientifiques est extrêmement importante pour nous. J’ai d’ailleurs récemment assisté à la première Conférence internationale sur la santé des végétaux, qui s’est tenue à Londres en septembre.[6] La première conférence internationale sur la santé des végétaux, qui devait se tenir à Helsinki du 28 juin au 1er juillet 2021, a été annulée en raison de l’épidémie de … Continue reading Des chercheurs du monde entier y ont présenté des solutions pour préserver la biodiversité et faire face aux défis actuels du monde végétal. Le plus important à retenir est que la santé des plantes est un facteur clé de toute stratégie visant à protéger l’environnement et la biodiversité, et à assurer la sécurité alimentaire.

Avec qui collaborez-vous pour accomplir l’ensemble de ces tâches ?

Ce travail est un effort collectif. J’ai eu de nombreux étudiants stagiaires ou assistants à temps partiel au fil des ans, attirés vers le projet du WSC par leur propre intérêt pour les plantes, les huiles essentielles ou l’olfaction. Ce sont tous des penseurs et créateurs pluridisciplinaires, et nombre d’entre eux sont aujourd’hui des artistes olfactifs émergents. Je suis d’ailleurs commissaire d’une exposition de leurs œuvres qui aura lieu chez Olfactory Art Keller à New York du 23 mars au 29 avril 2023. D’anciens assistants sont encore impliqués dans le WSC d’une autre manière : beaucoup sont notamment des contributeurs pour Plantings, notre journal en ligne,[7]Voir https://worldsensorium.com/plantings/ et notre site Web. Nous avons également d’excellents conseillers scientifiques, dont Lewis Ziska, physiologiste des plantes et professeur à l’université de Columbia, qui fait autorité sur les végétaux et le changement climatique, et Stuart Firestein, ancien président du département des sciences biologiques de l’université de Columbia.

 Organisez-vous également des actions concrètes, au-delà de votre travail de recherche, d’éducation et de sensibilisation à la conservation des plantes aromatiques et médicinales ?

Pour l’instant nous nous sommes principalement concentrés sur la construction et l’éducation de notre communauté. Allyson Levy et Scott Serrano, qui comptent parmi les premières personnes à qui j’ai parlé, en 2017, de la culture d’espèces culturellement emblématiques en voie de disparition. Ils ont fondé il y a quelques décennies l’Hortus Arboretum à Stone Ridge dans l’État de New York, et possèdent désormais l’une des plus grandes collections de plantes rares et menacées de la vallée de l’Hudson, dont notamment de nombreuses présentes dans World Sensorium. Mais pour éviter davantage de perte de biodiversité, nous avons besoin d’un filet de sécurité mondial au-delà du réseau des jardins botaniques : il faut encore répéter la culture de ces végétaux en voie de disparition, multiplier et préserver leurs graines. C’est pourquoi nous travaillons maintenant au lancement du World Sensorium Seedbank (WSS), la banque de graines du WSC, pour laquelle nous cherchons à nous associer à des banques de semences, des individus, des groupes, des institutions et des pays, dans le cadre d’un effort de coopération mondial. L’avantage des banques de semences est qu’elles sont relativement peu coûteuses et permettent une gestion durable. À l’heure actuelle, il existe environ un millier d’importantes réserves de semences dans le monde, cependant la grande majorité ne conservent que des cultures vivrières. Sur 242 pays et presque autant de végétaux emblématiques du patrimoine mondial présents dans la base de données du WSC, seuls 11% étaient conservés dans la banque de Kew Gardens en 2018.[8]La Millennium Seed Bank de Kew Gardens est la banque de semence souterraine la plus vaste au monde. Y sont conservées plus de 2,4 milliards de graines, représentant 39 000 espèces végétales … Continue reading Nous avons besoin d’y inclure des espèces indigènes emblématiques, si importantes à la fois pour leurs écosystèmes et pour les cultures de l’humanité. 

Pouvez-vous nous parler de l’initiative Trees for the Future [Des arbres pour l’avenir] ?

Cette campagne, lancée le Jour de la Terre 2022, offrait l’opportunité d’adopter un arbre indigène et de le récupérer lors de notre événement à la galerie Olfactory Art Keller, à New York. Les très parfumés pin blanc indigènes – Pinus strobus – qui ont été donnés en adoption, venaient du terrain des artistes Daria Dorosh et John Tomlinson, dans le comté de Sullivan. D’autres jeunes arbres provenaient de ma propriété du nord de l’État de New York. De nombreuses ressources concernant la plantation et l’entretien des arbres ont été offertes lors de l’événement. Nous avions également organisé des interventions sur la façon dont nous percevons la nature à travers notre odorat, sur le changement climatique et la biologie végétale. Aujourd’hui, 80 nouveaux arbres ont pris racine dans toute la région de New York ! Ils constitueront une ressource supplémentaire pour séquestrer le carbone, créer de l’oxygène, améliorer la qualité de l’eau et fournir de l’ombre et des arômes pendant de nombreuses années.

Trees for the Future organisé à Olfactory Art Keller, © Gayil Nalls

Quelle est la chose la plus importante que nous puissions faire en tant qu’individus pour préserver la flore odorante ?

Les végétaux odorants sont pour la plupart des plantes à graines, alors semez-les, en particulier celles qui sont menacées, conservez leurs graines, et distribuez-les ! Renseignez-vous sur les besoins de conservation des plantes de votre région et soutenez les organisations qui œuvrent en ce sens  par le biais de bénévolat ou de dons. Aidez à protéger l’environnement en contrôlant la prolifération des espèces envahissantes. Faites votre part pour réduire les émissions de carbone. Adoptez une alimentation plus végétale et moins carnée. Plus important encore, chacun de nous doit se sentir responsable, vivre de manière la plus responsable, être un modèle pour les autres et promettre aux plus jeunes que nous ferons partie de la solution.

Vous avez également fondé la revue en ligne Plantings. Quel est le rôle de cette plateforme ?

Quel sens donner à la conservation botanique à l’ère de l’Anthropocène[9]Néologisme forgé dans les années 1980 pour désigner l’époque de l’histoire de la Terre débutant avec la révolution industrielle au XVIIIe siècle, au cours de laquelle l’espèce … Continue reading ? WSC pose souvent cette question. Nous sommes à un moment de bascule car la perte de biodiversité perturbe le fonctionnement de notre planète. Dans Plantings, journal en ligne dont nous proposons annuellement une publication imprimée, nous produisons chaque mois six articles sur la conservation, la botanique, la nature ou des essais photographiques qui examinent nos préoccupations environnementales, offrent des réponses, motivent l’action et montrent la voie vers un avenir plus durable. Nos contributeurs viennent d’horizons et de disciplines variés, mais tous sont passionnés par les plantes, engagés dans la conservation, ont des idées importantes et veulent être des instigateurs du changement. Nous développons un réseau partageant des objectifs communs et sommes ouverts aux propositions et soumissions d’articles.

Lors du Jour de la Terre 2021, vous avez lancé l’initiative #myplantscentmemory qui proposait aux gens de réaliser et de partager des vidéos reflétant leur relation personnelle avec une plante aromatique dont le parfum serait associé à un souvenir intime. Quel serait le vôtre ?

Celui d’une belle fleur sauvage du genre Lonicera, le chèvrefeuille. Humer l’arôme de celui-ci et goûter son nectar était l’un de mes passe-temps estivaux en grandissant. Retirer l’étamine de la fleur en trompette et profiter de son goût sucré de miel sur ma langue était une joie simple et merveilleuse. J’avais aussi l’habitude de manger des fruits et de la glace à la vanille agrémentés de nectar de chèvrefeuille. J’adorais la façon dont ce parfum restait suspendu dans l’air humide certains jours, imposant une atmosphère bien particulière.

Visuel principal : © Gayil Nalls

Notes

Notes
1 Andrew Jacobs, « Catching Scent of Revolution, China Moves to Snip Jasmine », The New York Times, 10 mai 2011
2 Le PCAH était un comité gouvernemental américain dédié à la culture, créé en 1982 et actif jusqu’en 2017 avant que Donald Trump décide de ne pas le reconduire.
3 La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, commencée en 1964, est l’inventaire mondial de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle se présente sous la forme d’une base de données en ligne.
4 Voir en ligne sur le site https://worldsensorium.com/#countries
5 Andreas Keller, « How We Perceive Nature Through Our Sense of Smell », Plantings, n° 14, août 2022.
6  La première conférence internationale sur la santé des végétaux, qui devait se tenir à Helsinki du 28 juin au 1er juillet 2021, a été annulée en raison de l’épidémie de Covid-19, et reportée au 21-23 septembre 2022.
7 Voir https://worldsensorium.com/plantings/
8 La Millennium Seed Bank de Kew Gardens est la banque de semence souterraine la plus vaste au monde. Y sont conservées plus de 2,4 milliards de graines, représentant 39 000 espèces végétales différentes.
9 Néologisme forgé dans les années 1980 pour désigner l’époque de l’histoire de la Terre débutant avec la révolution industrielle au XVIIIe siècle, au cours de laquelle l’espèce humaine est devenue une force géologique majeure gouvernant l’état, le fonctionnement et l’évolution de la planète, aussi bien au niveau lithosphérique qu’atmosphérique. 

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