Nez, la revue… de presse – #23 – Où l’on apprend que Zinédine Zidane aime (vraiment) le parfum de la lavande, que l’implant d’un nez en 3D permet à une patiente de retrouver le fumet du café matinal et qu’une caméra pourrait bientôt capturer les odeurs.

Au menu de cette revue de presse, l’évocation olfactive du jardin de Manet, le bouquet surchargé des adeptes du layering et le nez surdoué des héros d’animés japonais.

Malgré l’amertume de la défaite, vous reprendrez bien un peu de ballon rond ? Zinédine Zidane, ambassadeur de la marque Montblanc depuis quelques mois, évoque dans Gala les odeurs de son enfance : les plats de sa mère, l’huile d’olive que son père utilisait pour le masser après le foot, la lavande « dans des champs à perte de vue », sans oublier « l’herbe coupée » et « la rosée » le dimanche matin avant les matchs. Avant d’ajouter, droit au but : « C’est aussi pour tout cela que le parfum Legend [de Montblanc] m’a séduit tout de suite avec ses notes fraîches citronnées et lavande ». Interview promo ou pas, c’est ce qui s’appelle retomber sur ses jambes.

La lavande chère à Zizou colore les champs de Grasse et ses environs, où elle côtoie la capiteuse tubéreuse. Mais pour combien de temps encore ? La production de l’iconique fleur blanche a en effet chuté de 40% en 2022, s’alarme Carole Biancalana, qui cultive ces précieuses variétés pour la maison Dior, dans un long article publié par Bloomberg. On y lit que le réchauffement climatique donne des suées à l’industrie locale et aux maisons de composition, en quête d’alternatives pour parer à la baisse de qualité des matières premières causée par la montée du mercure.

Magistralement figé sur toiles, le jardin de Manet ne connaît pas, lui, les aléas climatiques. À Wall Street (New York), jusqu’à fin février 2023, les allées ombragées de Giverny font l’objet d’une exposition immersive, saluée par les médias locaux comme la chaîne ABC. La visite est ponctuée d’effluves de lavande, de nénuphars et de lilas.   

C’est justement des dispositifs olfactifs proposés dans les musées que s’est inspirée la maison  de vente aux enchères Sotheby’s pour animer l’une de ses dernières ventes londoniennes, consacrée à des peintures du XVIIe siècle de la collection Grasset. Le site ArtNet explique comment la parfumeuse anglaise Lynn Harris a créé trois bougies, associées à trois tableaux (deux natures mortes et un paysage), pour les narines des enchérisseurs présents sur place et « ceux qui n’ont pas pu acquérir les œuvres »

Restons dans l’interprétation, cette fois avec une œuvre littéraire majeure, Ulysse de James Joyce. Pour son spectacle Go to Blazes, la performeuse et scent designer Justine Cooper a imaginé les odeurs respirées par Leopold et Molly Bloom, les personnages du quatrième chapitre du célèbre roman irlandais. Pour elle, « Joyce ne souhaite pas qu’on se contente de lire son texte, il veut qu’on l’inhale ». Le quotidien Irish Times énumère quelques-unes des fragrances recrées pour plonger les spectateurs dans la scénographie, parmi lesquelles le fumet d’urine dégagé par les rognons de moutons au petit déjeuner, ou les relents de thé froid et de bouillie au biscuit émanant d’un pub tôt le matin…

Ces odeurs auraient certainement fasciné Jean-Baptiste Grenouille, le héros à l’odorat surdéveloppé de Patrick Süskind. L’auteur du Parfum se fait extrêmement discret depuis la publication de son roman le plus célèbre en 1985. Son jeune confrère François-Henri Désérable a trouvé un prétexte (se faire dédicacer son exemplaire) lui permettant de partir sur ses traces pour le JDD Magazine. Direction l’Aude, où l’auteur allemand réside une partie de l’année. Un jeu de piste s’engage avec les commerçants locaux et même le traducteur de Süskind. De cette savoureuse quête à l’issue étonnante, nous ne vous en dirons pas davantage…     

Eux ne se cachent pas, c’est même le contraire. Sur TikTok, les disciples du layering perfume, cette pratique consistant à superposer plusieurs fragrances pour obtenir un sillage personnalisé, font le buzz avec plus de 364 millions de vues autour de recettes de philtres d’amour et autres cocktails gourmands. Pas forcément pour le meilleur, à en croire l’extrait vidéo accompagnant l’article que Madame Figaro consacre à l’exercice. On y découvre l’évocation olfactive d’une piñacolada obtenue d’un spray du Angel Iced Star de Mugler aux accents d’ananas additionné d’un splash de Dolce Garden (Dolce & Gabbana) avec sa note fusante de noix de coco. Selon un employé de la plateforme interrogé par l’hebdomadaire, l’engouement serait dû à « l’authenticité » émanant de ces rituels, pratiqués à l’écart de la « communication traditionnelle ». Narines sensibles, prière de visionner avec modération. 

Le rêve de tout influenceur sera-t-il bientôt exaucé ? Le site d’informations technologiques letton Labs of Latvia affirme qu’une caméra capable de capturer des odeurs et de les partager sera commercialisée en 2024. Un prototype de l’appareil serait déjà au point. L’objet s’appuie sur la chromatographie et fonctionne avec des capsules réutilisables. Selon Sandris Murins, à la tête de la start-up en charge du projet, l’outil a été conçu pour capturer « les odeurs de la flore de la jungle amazonienne » comme celles « des restaurants étoilés Michelin ». Sauvegarder un parfum « sera à l’avenir aussi facile que de prendre une photo ou une vidéo », promet l’inventeur, même si l’on peut en douter.

Une autre prouesse scientifique, déjà tangible celle-là, a permis à une patiente prise en charge par des chirurgiens ORL du CHU de Toulouse et de l’Institut Claudius-Regaud de retrouver « l’odeur du café le matin ». Traitée pour un cancer des fosses nasales, elle avait perdu une partie de son nez et de son palais, comme le rappelle Le Monde. Un greffon réalisé à partir d’une modélisation en 3D du nez de la femme a été placé en nourrice sur l’un de ses avant-bras. Après le constat de la pré-vascularisation de l’implant, étape préalable à la reconstruction, la greffe effectuée en septembre 2022 est aujourd’hui considérée comme un succès.

Le CHU de Lille a, lui, dévoilé début décembre un « nez électronique » traqueur de cancers broncho-pulmonaires, annonce La Voix du Nord. Cet appareil développé par un consortium européen de chercheurs n’est pas destiné à être greffé, mais à recevoir l’haleine des patients. Une fois connecté à un téléphone portable relié à une intelligence artificielle, il détecte les composés organiques volatils (COV) libérés par les cellules. Or, lorsqu’un organe devient cancéreux, ces COV mutent, fabriquant une « signature olfactive » décelable. La phase de test en milieu hospitalier toujours en cours pourrait déboucher, dans un futur proche, sur une utilisation dans les cabinets de médecine générale.

Pas sûr que la médecine se penche un jour sur les étonnants pouvoirs des héros d’animés, ces films et séries tirés de mangas. Et pourtant, nombre d’entre eux possèdent un sens olfactif développé, érigé en véritable atout. Le site spécialisé CBR.com recense ainsi dix personnages dotés d’un nez particulièrement sensible, comme Inuyasha, l’héroïne « chien-démon » du dessin animé du même nom, capable d’identifier un ennemi potentiel aux effluves qu’il dégage, ou encore le jeune Gon, de Hunter X Hunter, qui sait reconnaître l’eau de toilette de son père à plusieurs kilomètres à la ronde.

Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !

Visuel principal : © Morgane Fadanelli

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