Avec La Fabrica, IFF explore de nouvelles voies pour l’olfaction

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Depuis 2002, IFF multiplie les synergies entre ses parfumeurs, des artistes de tous bords et les élèves de différentes écoles. L’objectif est double : encourager les créateurs de demain à s’emparer de l’olfaction et nourrir la créativité des compositeurs de la maison.

« La Fabrica ? Ce n’est ni un lieu, encore moins un concept hermétique. C’est un espace de réflexion à part entière permettant de découvrir de nouveaux créateurs et de les mettre en résonance avec nos parfumeurs », résume Judith Gross, vice-présidente communication de la division parfums chez IFF et co-curatrice de La Fabrica au côté de Bernardo Fleming, directeur prospective et tendances chez IFF et partenaire du projet Odeuropa – qui œuvre à la reconstitution du patrimoine olfactif européen à partir d’analyses de textes et d’images numérisées.

Depuis 2002, La Fabrica s’inspire de La Factory, fondée à l’initiative d’Andy Warhol à New York, ville où se situe le siège d’IFF, qui favorisa dans les années 1960 les interactions entre artistes, quel que soit leur moyen d’expression (peinture, musique, théâtre…). Dans ce même esprit, IFF a initié des liens entre ses équipes créatives (parfumeurs et équipes de développement) et des artistes, penseurs, et des élèves d’écoles d’art, de mode et de design, parmi lesquelles le Royal College of Art de Londres, l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, la Rhode Island School of Design (Providence, USA) ou encore l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) – plus communément appelée « les Arts Déco » – et l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (ENSAAMA) à Paris. 

L’enjeu, pour les jeunes créateurs, est de se confronter à la conceptualisation des odeurs, par essence invisibles. Cela peut prendre la forme d’un parfum présenté lors du défilé de fin d’année aux Arts décoratifs, ou par l’intermédiaire de travaux liant étroitement mentors et disciples. Chacun se nourrit de la discipline de l’autre et les connexions entre pays sont encouragées. Depuis quelques années, chaque étudiant du Royal College of Art, dont IFF est le plus ancien partenaire (30 ans en 2024), est invité à réfléchir au futur du parfum : nouvelles utilisations, nouvelles vocations, nouveaux supports. Les initiatives les plus créatives et pertinentes se concrétisent par une collaboration avec les élèves du Master IFF Scent Design & Creation de l’Isipca, à Versailles. On peut découvrir sur Youtube une présentation des projets réalisés par les élèves en 2022, sous forme de courts reportages.

Au-delà d’une simple sensibilisation des penseurs de la mode de demain à la dimension olfactive, l’objectif, pour la maison de composition, est de nourrir l’inspiration des équipes d’IFF et d’immerger ces futurs créateurs de mode dans l’univers du parfum.

 « La Fabrica inscrit ses partenariats dans la durée. Sa temporalité exclut le court terme, de même que ses réalisations écartent l’anecdotique. C’est le contraire d’une démarche opportuniste », complète Judith Gross. Pour preuve, la complicité esthétique qui se poursuit entre le parfumeur Nicolas Beaulieu et Jeanne Vicerial, douze ans après que la plasticienne a obtenu son diplôme à l’ENSAD. Armoressence est ainsi une fragrance composée à quatre mains dans le cadre du projet 1+1 de Nez. De son côté, après une première collaboration fructueuse autour de l’odeur d’étreintes sexuelles en forêt, Joël Harder, artiste franco-suisse diplômé de l’ENSAD, continue de solliciter Anne Flipo. Tout comme les deux performeuses du duo Young Girl Reading Group, anciennes élèves du Royal College of Art, qui font appel à IFF à chaque nouvelle performance artistique. 

L’histoire entre Dominique Ropion et la styliste Yiqing Yin illustre elle aussi à quel point l’inspiration peut être mutuelle. Leur collaboration débute en 2008. À l’époque, le parfumeur conçoit une fragrance pour une collection de vêtements dessinés par l’étudiante. En 2020, pour le pavillon français de l’Exposition universelle à Dubaï, il compose un parfum… que Yiqing Yin « traduit » visuellement sous la forme d’une robe-fleur en cristal.

Les tandems se forment à l’initiative des parfumeurs. Ce sont eux qui choisissent la personne avec qui ils ont envie de cheminer artistiquement. De ces rencontres, les créateurs de la maison IFF sortent stimulés, voire déstabilisés par l’ampleur des défis à relever. « Chaque année, à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, un parfumeur IFF assiste au jury de présentation des projets des élèves. Il se retrouve propulsé dans une bulle, bombardé d’idées… C’est un véritable cadeau ! », souligne Judith Gross. Lorsque le designer Alexis Foiny (ENSAD) demande à Domitille Michalon d’imaginer le parfum d’une fleur préhistorique, par définition disparue, celle-ci en vient à interroger sa propre conception de la réalité.

Amenés à être « challengés » et à sortir de l’atmosphère feutrée de leurs bureaux, les parfumeurs IFF gagneraient-ils en audace ? 

Une rencontre entre le parfumeur Julien Rasquinet et le curateur de l’exposition L’Argent dans l’art à la Monnaie de Paris [1]Jusqu’au 23 septembre 2023.lui a permis de réaliser un rêve jamais assouvi : imaginer une fragrance illustrant les aspects olfactifs de l’argent, réels et imaginaires. Son parfum d’ambiance, L’Argent dans l’air, en vente à la boutique du musée, retranscrit « toutes les facettes du billet de banque, de l’odeur du papier aux empreintes, en passant par l’odeur de l’encre et du vernis »

Au printemps 2021, les parfumeurs IFF avaient déjà été sollicités pour composer les fragrances suggérées par huit tableaux du XVIIe siècle présentés lors de l’exposition Smell the art : Fleeting – Scents in Color au musée Mauritshuis de La Haye (Pays-Bas), parmi lesquelles les effluves des canaux pollués, un bouquet de fleurs ou une armoire garnie de linge propre. Sur place, un appareil placé devant l’œuvre et actionné par une pédale permettait de diffuser le parfum. Il était même possible de commander un coffret contenant quatre des huit odeurs afin de profiter d’une visite virtuelle depuis son canapé.

Enfin, à l’initiative de l’entrepreneuse Diane Thalheimer-Krief, à la fois éprise d’olfaction et d’art contemporain, plusieurs noms de la maison de composition ont été sollicités pour imaginer des formules pour des sculptures destinées à accueillir des parfums et réalisées en édition limitée, voire en exemplaires uniques, dans le cadre du projet Profile by. Pour l’occasion, Paul Guerlain a formé un duo avec Adel Abdessemed, Domitille Michalon avec Pablo Reinoso, Anne Flipo avec Joana Vasconcelos, Nicolas Beaulieu avec Daniel Firman, Juliette Karagueuzoglou avec Ori Gersht, Jean-Christophe Hérault avec Hubert Le Gall et Nelly Hachem-Ruiz avec Valérie Jolly. Présentées en juin 2021 à Paris, les sculptures et leurs jus sont aujourd’hui disponibles à la vente sur Internet. Telle cette amphore fissurée en bronze, hommage à Dionysos, qui exhale le fumet des bains grecs (myrte et laurier) et la sensualité charnelle des bacchanales (muscs).

À l’heure où la dimension olfactive de notre environnement quotidien est défendue comme faisant partie intégrante de notre patrimoine culturel, on peut imaginer que de telles initiatives vont peu à peu se multiplier. Et rêver aux prochaines collaborations artistiques qui prendront source chez IFF, que l’on pourra sentir et ressentir lors de concerts, défilés, expositions… Mais aussi évidemment dans nos flacons ! 

Visuel principal : Paul Guerlain et Adel Abdessemed pour « Noli me tangere » pour le projet Profile By (©Charly Hel)

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1 Jusqu’au 23 septembre 2023.

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