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Dans le cadre de la collaboration entre le GDR O3 (Groupement de recherche Odorant, Odeur, Olfaction) et Nez, nous vous proposons un rendez-vous régulier autour des études qui ont vu le jour grâce à ce groupement de recherche mêlant des scientifiques de tout bord, qui ont pour objet commun l’odeur sous toutes ses formes. Le principe ? Nez lit les publications, et vous en propose une version allégée et plus facile d’accès.
Aujourd’hui, parlons de sueur et de contagion émotionnelle, un sujet étudié par Camille Ferdenzi, chargée de recherche CNRS dans l’équipe Neuropop du CRNL.
Avez-vous déjà senti le stress ambiant en rentrant dans une salle d’examen ? Ce n’est pas seulement une impression : plusieurs études scientifiques ont montré que cet état émotionnel pouvait être non seulement transmis par l’intermédiaire des odeurs, mais aussi reproduit chez celui qui perçoit : on ne « sait » pas seulement que la salle est stressée, mais on se sent stressé soi-même en y entrant. Fait établi pour la peur ou l’anxiété. Cependant, la possibilité d’une contagion d’états émotionnels positifs par l’odorat a fait l’objet de peu d’études jusqu’ici. Un comble, à l’heure où l’aromachologie bat son plein, et où les parfums auxquels on attribue des effets « feel good » tentent de prendre leur part du marché.
Une équipe de chercheurs a donc mis en place un protocole pour juger de l’influence potentielle des émotions positives. Des compresses de coton stériles avaient été collées aux aisselles des hommes – ceux-ci ayant été préférés car leurs glandes apocrines, plus volumineuses, pourraient potentiellement produire plus de substances chimiques – invités à regarder des vidéos, dans des circonstances neutres ou plus favorables à éveiller des émotions positives.
Les compresses ont ensuite été présentées à des femmes – celles-ci ayant a priori un meilleur odorat et une plus grande sensibilité aux signaux émotionnels – invitées à réaliser des tâches de résolution de problèmes. Les mesures étaient à la fois physiologiques (fréquence cardiaque, conduction cutanée, comportement de flairage), verbales et comportementales (performance dans la réalisation des tâches). Dans certains cas, du parfum avait été ajouté à l’odeur axillaire afin de mesurer s’il pouvait moduler la contagion émotionnelle.
Le résultat ? Si une majorité des participantes ont déclaré ne rien sentir, les mesures physiologiques et comportementales suggèrent qu’en présence de l’odeur axillaire prélevée lors de l’émotion positive, il y a bien eu une contagion émotionnelle positive – par rapport à des témoins dont l’odeur axillaire a été prélevée en condition émotionnelle neutre – traduite par une baisse de la fréquence cardiaque et de meilleures performances dans des tâches créatives de résolution de problèmes. La présence de parfum n’a pas sensiblement interféré avec ces effets.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont mis en place un deuxième protocole, en utilisant des dispositifs de réalité virtuelle qui permettent d’effacer au mieux le cadre de laboratoire, celui-ci pouvant évidemment avoir un impact sur les résultats (on ne se conduit pas dans un laboratoire comme dans la vie de tous les jours !). Si les résultats obtenus n’apportent pas de résultat significatif, les chercheurs soulignent qu’il est « très probable que certains choix méthodologiques de cette étude aient pu avoir un impact sur la communication chimique », comme le suggèrent plusieurs travaux antérieurs.
- Contact : [email protected]
- Voir le site du GDR O3 : https://www.gdr-o3.cnrs.fr/
Visuel principal : © Adèle Chévara
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