Nez, la revue… de presse – #21 – Où l’on apprend qu’il faut du flair pour choisir ses amis, que le prix des terrains grimpe à Grasse et que les grillons ont le nez médical

Au menu de cette revue de presse, des abeilles déboussolées, des hommes nus et des histoires à l’eau de rose.

Vous êtes partis en vacances entre copains ? Si vous avez conservé de bonnes relations avec eux malgré plusieurs jours de randonnée, de parties de Uno et d’apéros, c’est peut-être parce que vos odeurs corporelles sont proches. Selon une thèse récente, formulée par l’Institut Weizmann en Israël et citée par Science et Avenir, l’amitié serait aussi affaire de nez. L’intelligence artificielle eNose a ainsi « deviné » avec un succès de 71% la probabilité d’affinités entre 20 « couples » d’amis, partageant une grande partie des quelque 373 composants odorants que notre peau dégage.

Il n’est toutefois pas certain que se parfumer avec ses sécrétions vaginales augmente les chances de séduire (amis ou amants). Le magazine Elle s’est intéressé au « vabbing » (contraction des mots vagina, vagin en anglais et dabbing, « tamponner »), que ses adeptes estiment source d’un puissant dégagement de phéromones. Un sujet de plus en plus débattu sur les réseaux sociaux, TikTok en tête. Mais scientifiquement non confirmé.

Séduction toujours, mais visuelle celle-ci : les parfums mis en avant par des publicités avec des hommes nus se vendraient mieux que les autres, d’après Stylist. Il suffirait qu’Adam Driver gonfle les pectoraux (Burberry Hero Eau de Parfum) ou que Johnny Depp oublie de boutonner sa chemise (Dior Homme) pour que le chiffre d’affaires décolle. Des chercheurs affirment en tout cas que la valorisation sociale et le narcissisme sont les deux principales mamelles motivant l’achat d’une fragrance. Bref, il n’y a pas que Charlize Theron sortant de son bain aux paillettes d’or pour ameuter le client.

S’il était souvent torse-nu sous son cuir, on ignore si Lemmy Kilmister, feu le chanteur de Motörhead, dont la voix rugueuse s’est définitivement éteinte en 2015, aurait accepté de jouer les égéries. Sept ans après sa disparition, son groupe de rock métal sert désormais de prête-nom à une gamme de quatre parfums, annonce le magazine Rolling Stone. L’un d’entre eux, Motörhead Man, sentirait « la veste en cuir, la cigarette, le whiskey et les cordes de guitare basse ». Lemmy tout craché.

Si tout cela vous donne envie de prendre une douche, vous pourriez au passage échapper aux assauts des moustiques. Cité par France Inter, Yannick Simonin, spécialiste des virus émergents transmis par l’agaçant insecte, confirme que nos émissions de dioxyde de carbone et les bactéries contenues dans notre transpiration, comme l’acide lactique, attirent les femelles (les seules à piquer) en quête de protéines pour produire plus d’œufs.

Non seulement les grillons ont la délicatesse de ne pas nous piquer, mais ils pourraient sauver des vies en détectant les cancers, rapporte Science Alert. Grâce à leur odorat particulièrement développé, ils parviennent à différencier une cellule saine d’une cellule malade. L’objectif des scientifiques de l’Université du Michigan ayant mené cette étude est désormais de s’inspirer du cerveau de l’insecte pour élaborer de nouveaux appareils de diagnostic.

Des insectes toujours, avec France 3 Occitanie. Le site de la chaîne reprend une étude de l’Unité mixte de recherche de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie, nous apprenant que les abeilles sont perturbées par la nouvelle odeur de la garrigue. La baisse des précipitations entraîne en effet une modification du parfum de la flore. Déboussolées, les apidés repèrent moins facilement les fleurs qu’elles pourraient butiner. Ce qui entraînerait une chute de la reproduction des plantes, dont ces insectes constituent un rouage clé.

Au cœur d’un été rare en précipitations, Alice Lebreton, chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) s’est justement interrogée dans Le Monde : « À quoi sert l’odeur de la terre après la pluie ? ». Cette fragrance, si souvent citée parmi nos préférées, est le fruit de la rencontre entre le pétrichor (des résidus huileux exsudés par les plantes), les sédiments et des bactéries. L’une d’entre elles, Streptomyces coelicolor, libère lorsqu’il pleut des composés telle la géosmine, que l’être humain reconnaît de loin. Son odeur attire des micro-organismes lui permettant de se mouvoir sur le sol (pratique !), tandis qu’elle repousse les nématodes, des petits vers prédateurs (bien fait pour eux).

Il reste fort heureusement des coins de nature préservés. L’écrivaine et poétesse Ryôko Sekiguchi en évoque un dans l’une de ses nouvelles inédites publiées pendant une semaine cet été par La Croix. On y rencontre notamment une petite fille capable de distinguer les différents ouvrages à leur odeur : « Ces modulations de parfum lui évoquaient le jardin familial, dont les senteurs changeaient au fil de la journée, surtout après l’arrosage – tâche qu’elle adorait accomplir, comme beaucoup d’enfants »

Pour lui, était-ce un rêve d’enfant ? C’est en mécène, via le fonds de dotation qui porte son nom, que Francis Kurkdjian ouvrira au printemps 2023 les portes du Jardin du parfumeur, à l’Orangerie de Châteauneuf, dans le parc du château de Versailles. Le lieu, consacré aux fleurs et aux plantes, permettra de retracer l’histoire de la parfumerie française, nous apprend Le Journal du luxe.

Mais c’est à Grasse que sont historiquement cultivées de nombreuses matières premières depuis le XVIIe siècle. Or, explique Libération, les tensions se multiplient entre les agriculteurs locaux et les grandes maisons de composition, qui n’y ont jamais acquis autant de terrains et de propriétés. Pour elles, la cité provençale est plus que jamais le lieu où il faut avoir pignon sur rue, au plus près des champs de matières dites naturelles. Conséquence, le prix du foncier s’envole. De quoi faire la Une en plein été en racontant « Une histoire à l’eau de rose et quelques épines »

De rose, il est aussi question dans L’Essence des souvenirs – Itinéraire d’un apprenti parfumeur, disponible en rediffusion sur le site d’Arte. Réfugié syrien, Abdulkader Fattouh fait ses études à l’ISIPCA de Versailles. Par passion et par fidélité à sa famille : son grand-père tenait une parfumerie à Alep et sa grand-mère préparait des confitures à la rose de Damas. « Une odeur portée par les hommes comme par les femmes », selon le jeune étudiant, qui découvre, de passage à l’Osmothèque, la reproduction de N’aimez que moi. Une fragrance signée Caron en 1916, faisant la part belle à… cette reine des fleurs.

Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !

Visuel principal : © Morgane Fadanelli

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