Au menu de cette revue de presse, des villes en quête de parfum, des odeurs corporelles révélatrices et un nuage de notes poudrées.
Si l’été sent les embruns, la crème solaire et le barbecue, vous êtes-vous déjà demandé quelle était l’odeur de Marseille ou de Nantes ? Les deux villes ont décidé de créer des parfums à leur image. L’office du tourisme de la cité phocéenne a fait appel à une entreprise canadienne pour mettre le Vieux Port et les calanques en flacon. « Comme un air de Marseille », qui comporte notamment des notes marines et anisées, a été pensé pour « sortir des sensations stéréotypées et capturer l’essence même de l’énergie qui se dégage » de la ville. Il pourrait être diffusé prochainement dans l’aéroport et au Mucem.
A Nantes, ce sont les habitants qui votent jusqu’au 12 septembre pour choisir le parfum le plus évocateur de leur ville parmi les trois compositions imaginées par des parfumeurs. Bertrand Duchaufour a travaillé autour du magnolia, du rhum et des bois exotiques, rappelant le passé portuaire de Nantes, Marc-Antoine Corticchiato a choisi des notes d’algue et de sève de roseau pour figurer « le mélange de flux et de tensions » qu’il y a ressenti, et Mélanie Leroux a opté pour des facettes végétales et boisées inspirées par le jardin botanique. Le parfum élu sera ensuite commercialisé.
Dans le nord de l’Allemagne, Brême sent plutôt le café, la bière et le garage. L’hebdomadaire culturel d’Arte Twist y fait escale à l’occasion du projet « Smell it! », qui met à l’honneur l’art olfactif à travers dix expositions. L’émission s’interroge sur le défi sensoriel propre aux arts convoquant l’odorat, propose de ressentir l’odeur de l’esclavage avec l’artiste belge Peter de Cupere ou de découvrir à quel point la senteur des “colis de l’Ouest”, remplis de produits introuvables en RDA, fait figure de madeleine de Proust pour les Allemands qui y ont grandi.
SI les villes se penchent de plus en plus sur leur signature olfactive, les marques sont elles aussi nombreuses à vouloir créer la leur, note The Conversation. Réputé laisser des souvenirs plus forts et plus durables aux consommateurs, le marketing olfactif n’est pas nouveau, mais pourrait encore monter en puissance après l’épidémie de Covid. Reconnaîtrons-nous bientôt les marques à leur logo olfactif ?
Chacun de nous possède également son empreinte olfactive, constituée d’odeurs corporelles qui nous sont propres, rappelle Time. Et ces relents en disent long sur nous à nos interlocuteurs, même si nous n’en avons pas conscience – tout comme eux d’ailleurs. Notre transpiration fournit ainsi des informations sur notre état de santé, notre niveau d’anxiété, notre capacité à devenir un bon ami ou un partenaire… Et si l’usage des déodorants et antitranspirants menaçait la communication olfactive humaine ?
Pour ceux qui portent le même parfum depuis des années, ce dernier fait partie à part entière de leur signature olfactive. Mais si les autres les identifient à cette fragrance, il est fréquent qu’eux-mêmes ne la sentent plus, souligne Le Figaro. En cause ? Un phénomène d’habituation. « Nous avons une muqueuse olfactive tamisée de récepteurs. Lorsqu’une molécule odorante les atteint, l’information est transmise au cerveau via le bulbe olfactif. Or après un certain temps, l’odeur fait partie intégrante de notre quotidien, de notre environnement et le cerveau décide donc de ne plus y prêter attention », explique Isabelle Ferrand, fondatrice de Cinquième Sens. La meilleure parade est alors d’alterner plusieurs parfums.
Les podcasts continuent de mettre à l’honneur les parfumeurs. Dans Le Gratin, Pauline Laigneau interroge ainsi Jean-Claude Ellena sur sa carrière et sur la notion de créativité : Naît-on créatif ? Comment parvenir à se renouveler ? Peut-on faire en sorte qu’une création dure dans le temps ? Le créateur raconte comment Terre d’Hermès n’est pas né de sa lecture des Métamorphoses d’Ovide, et insiste sur la notion de générosité et sur l’importance de « sortir des cases » pour espérer créer un succès : « Il faut que ce soit généreux, car celui qui va le porter doit sentir qu’il s’est passé quelque chose (…). Si c’est trop enfermé dans le marché, dans ce qui plaît, c’est “Ouais c’est agréable” mais l’agréable n’est pas suffisant », estime le parfumeur.
On retrouve Jean-Claude Ellena pour un échange avec sa consœur Julie Massé autour des notes poudrées, thème de la Journée du Parfum organisée en mai dernier à Grasse, en lien avec l’exposition « La Poudre de beauté et ses écrins » présentée au musée international de la Parfumerie jusqu’au 27 septembre . Iris, violette, coumarine, héliotropine, vanilline, mimosa, muscs nitrés… Les deux créateurs dressent l’inventaire de ces matières « rassurantes, cotonneuses, voluptueuses », comparent leur manière de les travailler, et s’interrogent sur leur modernité.
Dans le podcast Into the Job, c’est Daniela Andrier qui répond aux questions de Laura Pironnet. L’auteur d’Infusion d’iris de Prada et de la Fleur d’oranger de Fragonard raconte sa journée type, relève les qualités nécessaires pour devenir parfumeur, entre émotion et impératifs commerciaux, et insiste sur la « joie enfantine » qu’elle continue d’éprouver à exercer son métier.
Et on termine cette revue de presse avec le parfum de l’enfance justement, sujet du dernier numéro de l’émission Barbatruc sur France Inter, qui réunissait Camille Goutal et Colas Gutman, auteur jeunesse et créateur du personnage Chien pourri. L’occasion de rappeler que les odeurs, bonnes ou mauvaises, ont le pouvoir presque magique de nous plonger dans les recoins cachés de notre mémoire. Et de découvrir que les enfants interrogés citent parmi les odeurs qu’ils jugent réconfortantes le chocolat, les roses et… la cage de leur hamster.
Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !
Visuel principal : © Morgane Fadanelli
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