Ricardo Omori est vice-président de la branche Fine Fragrance de Symrise. Pour lui, l’île rouge de l’océan Indien est un territoire extraordinaire, qui doit autant aux plantes qui y poussent qu’aux êtres humains qui les façonnent en ingrédients exceptionnels pour la parfumerie.
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Entretien tiré du chapitre consacré à Madagascar, dans l’ouvrage De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums (voir ci-dessous)
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Vous dites souvent que « Madagascar, c’est la nouvelle Grasse ». Pourquoi ?
Comme Grasse, l’île a tout pour donner des ingrédients de haute qualité à la parfumerie : une végétation incroyablement diverse, des équipes dynamiques et des technologies innovantes à leur disposition.
Symrise maîtrise la filière de la vanille malgache de A à Z. En quoi est-ce un atout ?
C’est la vanille qui nous a poussés à nous diversifier. Nous possédons une usine sur place, mais aussi un centre de recherche et développement qui nous permet de multiplier les essais sur de nouvelles plantes. Nous nous lançons également dans l’achat de grands terrains pour développer l’agriculture.
Comment une plante malgache finit-elle par intégrer la palette d’un parfumeur ?
Pour être élue, une plante doit être viable, intéressante économiquement… et bien sûr avoir un intérêt olfactif ! Nous menons des travaux sur plus d’une centaine de matières premières, à des niveaux d’avancement différents. Pour lancer deux ou trois nouveaux ingrédients dans cinq ans, il faut mener au moins cinquante essais en même temps !
Quelle valeur ajoutée apportent ces nouveaux ingrédients naturels ?
Nous souhaitons développer des produits uniques et d’une grande qualité olfactive. Les volumes importent peu. Le principal, ce sont les partenariats exclusifs que nous nouons partout dans le monde pour proposer une essence de gingembre de Madagascar, une absolue de jasmin d’Égypte « Coeur de saison » ou un poivre du Népal qui ne ressemble à aucun autre.
Quels nouveaux outils possédez-vous pour valoriser le naturel ?
La technologie SymTrap, brevetée par Symrise en 2008, consiste à capturer les molécules odorantes présentes dans des solutions aqueuses issues de l’extraction, de la distillation ou de la lyophilisation des plantes. À Madagascar, ce procédé donne de bons résultats sur le foin de vétiver et les coques de cacao, des parties de la plante traitées comme des déchets aujourd’hui, mais qui pourraient devenir bientôt de nouvelles matières premières naturelles à part entière.
- En savoir plus sur Symrise : www.symrise.com
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Cet entretien est tiré du livre :
De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums
From Plant to Essence – A World Tour of Fragrant Raw Material
(Français-English), Nez éditions, Collectif, 2021, 30€
- Disponible pour la France et à l’international : Shop Auparfum
- Disponible pour l’Amérique du Nord : www.nez-editions.us
Monsieur,
vous développez la culture à Madagascar d’ingrédients de haute qualité pour la parfumerie mais cultiver vous tout ça de manière écologique (sans pesticides et sans bouleverser des écosystèmes millénaires) et de façon humaine: les cultivateurs sont payés honnêtement? Vous n’expropriez par leurs terres à des prix ridiculement bas pour votre seul intérêt? Vous ne prenez pas des terrains qu’ils auraient besoin pour planter de quoi se nourrir j’espère?
Cordialement.
Jovi
bonjour,
lu avec intérêt votre article sur MADAGASCAR. dans les années 1970 j’ai mis en place une plantation de jasmin de 16 Ha près d’Amboassary Sud, avec distillation à l’hexane pour obtenir la concrète et l’absolue. Nous vendions la production à Roure et Bertrand. La qualité du jasmin de Madagascar était très appréciée.