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Comment l’inspiration vient aux parfumeurs

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Cet article a été écrit en partenariat avec Mane.

Entre nouveaux ingrédients et rencontres croisées avec d’autres disciplines, Mane met tout en œuvre pour nourrir continuellement la créativité de son équipe de parfumerie parisienne.

Admirer les toits de Paris, écouter un concert d’orgue, s’imprégner de l’atmosphère des lieux avec le régisseur… En avril dernier, les huit parfumeurs du centre de création parisien de parfumerie fine de Mane se retrouvaient à l’église Saint-Eustache. Organisée dans le cadre d’une prochaine création de la maison de composition pour la Seconde Affaire du Pommier, créée par Etienne de Swardt, cette visite a été l’occasion pour l’équipe de s’ouvrir à d’autres horizons – et pourquoi pas de faire germer des idées qui s’incarneront dans de futures compositions. Jonglant sans cesse entre divers projets, les parfumeurs doivent en effet faire preuve d’une créativité constamment renouvelée. Pour les aider dans cette tâche ardue, Mane a plus d’une corde à son arc. 

Fantasme de parfumeur

Les matières premières constituent une des principales sources d’inspiration pour les parfumeurs. Car la palette s’enrichit continuellement, aussi bien d’ingrédients naturels, de nouvelles extractions, que de molécules synthétiques, permettant d’imaginer des accords jamais sentis. Les parfumeurs sont très impliqués dans le développement de ces innovations, notamment par l’intermédiaire de Véronique Nyberg, vice-présidente de la création en parfumerie fine, qui siège au comité scientifique de la société. « Aussi incroyable que cela paraisse, on parvient encore à trouver des naturels intéressants à extraire, et que l’on n’exploitait pas. C’est une chose sur laquelle on fantasme tous en tant que parfumeur », s’enthousiasme Violaine Collas. Depuis trois ans, le résinoïde de four corners, un fruit du Cameroun, offre ainsi ses facettes inédites de rhum et de banane flambée. De nouvelles sources d’approvisionnement peuvent également apporter une qualité différente d’une matière déjà employée. Le patchouli Gayo, du nom de la montagne où il pousse au nord de Sumatra en Indonésie, se distingue par ses effets à la fois frais et gourmands, qui procurent à une composition une nuance différente d’un patchouli classique. De nouvelles techniques d’extractions permettent aussi de stimuler la créativité des parfumeurs : Jungle essence, appellation maison des extraits au fluide supercritique, au réalisme inégalé, ou E-Pure Jungle essence, enfleurage 2.0 au plus proche de la fleur. « L’E-Pure de jasmin grandiflorum sent comme le buisson dans mon jardin, ce qui n’était pas le cas de l’absolue jusqu’ici : cela nous ouvre d’autres perspectives », souligne Violaine Collas. 
Grâce au département recherche & développement, des molécules sont en outre créées chaque année, enrichissant la palette des parfumeurs de nuances originales. « Dans Bubble Bath, que j’ai créé pour la collection Replica de Maison Margiela, j’ai utilisé le Noreenal pour son aspect savonneux, propre, mais plus moderne, plus ‘plaisir’ et moins dur que l’aldéhyde C12, et moins citrus que le C9 », poursuit la parfumeuse. 

Tout au long du processus de création, les parfumeurs bénéficient par ailleurs du soutien des différents services de la société de composition, et notamment de l’équipe marketing. « Lorsque nous recevons un brief pour un nouveau projet, c’est à nous de le traduire, de le mettre en forme olfactive », explique Olivier Bachelet, directeur marketing parfumerie fine. Grâce à sa connaissance pointue de l’univers des marques, le marketing peut alimenter et guider la créativité des parfumeurs pour répondre au brief de la façon la plus pertinente possible. « En amont des projets, l’équipe est également chargée de détecter les tendances qui se dégagent dans tous les domaines afin de faire émerger de nouvelles idées, conceptuelles ou olfactives, pour les soumettre ensuite aux marques », reprend Olivier Bachelet. 

Emulation

Plus généralement, le travail des parfumeurs de parfumerie fine, souvent vu comme solitaire, est en réalité irrigué par les échanges entre pairs, avec les autres départements, arômes ou parfumerie fonctionnelle, ou avec les autres services, qu’il s’agisse de l’évaluation ou des commerciaux. « Il y a quelque chose de spécifique chez Mane, sans doute facilité parce que nous sommes une organisation à taille humaine : une émulation très forte, qui s’est construite dans le temps, et qui est devenue presque un style de vie », fait valoir Olivier Bachelet. Ces interactions prennent la forme de présentations transversales auxquelles toutes les équipes sont conviées ou d’échanges plus informels. « Nous mettons en commun nos expertises, loin des entreprises où le fonctionnement est totalement cloisonné, mais nous partageons également des idées ou des infos sur diverses plateformes : un restaurant qui vient d’ouvrir et que quelqu’un a testé, un article sur un designer qu’untel a trouvé intéressant… », complète le responsable marketing. « Ce dialogue perpétuel est précieux et contribue largement à notre inspiration », abonde Violaine Collas. 

Enfin, la créativité des parfumeurs se nourrit de rencontres plus ponctuelles avec des intervenants extérieurs ou de visites comme celle organisée à l’église Saint Eustache, dans une optique pluridisciplinaire. Les ponts se font de manière presque évidente avec certains domaines, et des entrevues avec des cultivateurs de plantes à parfums, des botanistes ou des mixologistes sont régulièrement organisées. Mais d’autres disciplines plus éloignées de l’univers du parfum peuvent également se révéler riches d’enseignement, et stimuler l’imaginaire des parfumeurs. « Même quand on ne parle pas d’odeurs, on retrouve un langage commun dès lors qu’il y a un processus créatif en jeu, qu’on soit dans un atelier de travail du cuir ou de dorure », souligne Violaine Collas. « L’ouverture vers d’autres champs est toujours enrichissante. Ce type de rencontres est moins facile à organiser depuis le début de l’épidémie, mais je crois que nous avons tous hâte qu’elles reprennent! »

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Buongiorno.
Ho lavorato per 20 anni nel settore della profumeria.
Ho deciso di creare una mia piccola linea di fragranze e accessori.
Vorrei chiedere come posso iniziare, con piccole risorse economiche, ho un mio progetto e delle miei idee che vorrei brevettare prima di iniziare il percorso.
Ho 57 anni, parlo soltanto italiano e poco Francese.
Grazie e cordiali saluti.
Angela Zecchillo

La parfumerie semble bien moins cloisonnée que les autres disciplines artistiques et être en résonnance constante avec beaucoup d’autres champs, c’est vraiment passionnant.

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