Alexandra Carlin : « Ce gingembre sent la racine fraîchement râpée »

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Alexandra Carlin est parfumeur chez Symrise. Elle nous raconte comment le gingembre de Madagascar est devenu un ingrédient de choix dans sa palette olfactive.


Entretien tiré du chapitre consacré au gingembre, dans l’ouvrage De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums (voir ci-dessous)

Quand avez-vous découvert le gingembre de Madagascar ?
C’était en 2014. Je me rendais sur l’île pour la première fois. C’était la fin de notre séjour, on avait déjà senti de nombreuses matières premières, on était sur le départ, et là, Alain [Bourdon, directeur de la filière Symrise Madagascar] nous tend une touche d’une essence de gingembre produite par une ONG de la région d’Antananarivo. Tout de suite, on a senti qu’on tenait quelque chose. Ça explose au nez, comme dans Ratatouille lorsque le critique gastronomique goûte le plat qui lui rappelle celui de sa mère !
Moi, j’ai pensé au hot ginger lemon honey que je buvais en Inde.

Un coup de foudre olfactif ?
Exactement ! Acidulé, piquant, ce gingembre sent la racine fraîchement râpée, le citron, la verveine. Quand je suis revenue en France, j’ai eu envie de l’utiliser en overdose. En 2017, lorsque la marque J.U.S nous a contactés en quête d’accords inédits, j’ai proposé cette formule de « fausse cologne », qui a abouti à Gingerlise.

Comment la couleur de ce « gingembre bleu » est-elle devenue une source d’inspiration olfactive ?
Dans Gingerlise, le gingembre joue le rôle du citron, boostant la bergamote et la mandarine. J’ai choisi de l’entourer de matières premières m’évoquant la teinte vert-bleu de son nom : l’angélique, la menthe, le bois de cabreuva, par exemple…

Le gingembre, nouveau citron ?
Cette variété-là, oui ! Citralée et effervescente comme l’agrume, et épicée comme un poivre. En tête,
il joue toujours sur la fraîcheur, il peut pousser les autres notes hespéridées et contraster avec des épices chaudes telles que le piment ou le paprika, mais aussi la cannelle de Madagascar, comme dans Run Wild Men, de Davidoff.

Cet entretien est tiré du livre :
De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums
From Plant to Essence – A World Tour of Fragrant Raw Material

(Français-English), Nez éditions, Collectif, 2021, 30€

Auteur/autrice

  • Béatrice Boisserie

    Journaliste au Monde, Béatrice Boisserie a lancé les ateliers de YOS (yoga olfacto-sonore) pour se mettre à l'écoute de l'effluve, du souffle et de la voyelle. En 2012, elle a créé le blog Paroles d'odeurs pour reccueillir les souvenirs olfactifs de personnalités ou d'inconnus. Après des études de philosophie et d'ethnologie, elle se forme au parfum chez Cinquième sens et au yoga du son à l'Institut des arts de la voix. Elle est l'auteur de 100 questions sur le parfum (La Boétie, 2014).

    A journalist at Le Monde, Béatrice Boisserie is a member of the Nez Collective. She has notably published 100 questions about perfume (ed. La Boétie, 2014).

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