Nathalie Mandairon : « Des projets inédits ont pu voir le jour grâce au GDR O3 »

Né en 2015, le Groupement de recherche O3 – Odorant, Odeur, Olfaction –, ou GDR O3 pour les intimes, vise à développer des projets transdisciplinaires sur le sujet des odeurs dans leur sens le plus large. Afin d’inaugurer la collaboration conclue avec Nez et à l’occasion de la fête de la science, nous vous proposons une interview de Nathalie Mandairon, directrice de recherche en neurosciences au CNRS et directrice du GDR O3, et Xavier Fernandez, professeur de chimie à Université Côte d’Azur qui en est le directeur adjoint, qui reviennent sur huit ans d’existence.

Comment le GDR O3 a-t-il vu le jour en 2015 ?

Nathalie : Le laboratoire de chimie de Nice a répondu à une sollicitation du CNRS : dans un premier temps, ils ont donc monté un dossier, constitué un panorama d’équipes de recherche qui regroupe tous les domaines se rapportant au sujet, en partant de l’odeur elle-même jusqu’à sa perception physiologique et ses nombreuses applications. 
Plus récemment, nous avons structuré le groupe. Il y a un bureau qui compte une dizaine de membres bénévoles, et des sous-groupes, pour la communication par exemple. Le GDR O3 réunit désormais 55 équipes des différents laboratoires en France qui couvrent notre sujet, ce qui représente environ 150 membres, sans compter les nombreux étudiants post-doctorants. 

Xavier : Nous essayons également d’intégrer des chercheurs dont ce n’est pas la spécialité mais qui peuvent cependant s’y intéresser dans le cadre de leur travail, comme c’est le cas, par exemple, de certains géographes. C’est un réseau très ouvert. Mais nous faisons attention à ne pas intégrer certains courants alternatifs qui ne s’inscrivent pas dans la déontologie de la recherche académique, et viendraient trouver dans le GDR une caution scientifique.

Pourquoi avez-vous mis en place ce projet ?

Nathalie : L’objectif du GDR O3 est de fédérer et d’animer la communauté scientifique autour des odeurs et odorants. Cet objet d’étude, très vaste, concerne des disciplines parfois éloignées qui ont finalement peu l’occasion d’échanger : le cloisonnement est très fort dans la recherche académique françaises (Universités, CNRS, INSERM, INRAé, INRIA…). Le but premier est ainsi de développer des projets de recherche entre des acteurs qui n’auraient pas forcément l’occasion de se rencontrer par ailleurs. Les réunions annuelles du GDR sont en cela essentielles : pendant deux jours, les différents membres peuvent présenter leurs travaux et créer des liens. Nous avons également lancé un appel à projet afin d’inciter les laboratoires à collaborer.

En dehors de la création d’un réseau de chercheurs sur cette thématique, le GDR O3 a-t-il d’autres fonctions ?

Nathalie : C’est le bureau d’entrée des sollicitations extérieures venant du grand public, d’industriels ou de chercheurs. Nous nous occupons ensuite de rediriger les demandes aux équipes les plus à même d’y répondre. C’est aussi en ce sens que nous avons créé l’annuaire en ligne, qui regroupe nos membres et décrit leurs domaines de recherche.[1]Pour consulter l’annuaire, cliquez ici
Par ailleurs, les étudiants du GDR s’investissent beaucoup : ce sont eux qui ont mis en place les webinaires mensuels,[2]Les webinaires sont disponibles en replay sur le site du GDR O3 accessibles à tous, où un chercheur prend la parole sur un sujet. Plus largement et grâce à son site web, le GDR a également pour mission de diffuser l’information scientifique. 

Xavier : L’un des objectifs du GRD est ainsi de dépoussiérer la façon dont on imagine la recherche sur les odeurs, de rappeler qu’elles ne sont pas seulement un matériau pour les parfumeurs. C’est un champ très large avec une véritable dynamique, notamment en France.

Après 8 ans d’existence, quel est le bilan et quels sont vos projets pour l’avenir ?

Nathalie : Nous sommes très heureux du chemin accompli : des projets inédits ont pu voir le jour grâce au GDR O3. Je travaille par exemple en tant que neuroscientifique avec Sylvie Baudino, spécialisée en génétique des plantes, afin de comprendre pourquoi le parfum de la rose est si attractif. 

Xavier : Pour ma part, j’ai collaboré avec des archéologues sur un projet mêlant histoire et chimie moléculaire : jamais je n’y aurais jamais pensé seul ! Aujourd’hui, la période de financement par le CNRS se termine : on est en pleine réflexion sur la forme que cela va prendre pour poursuivre ce projet si fructueux.
Nous souhaitons également faire grandir notre visibilité. Nous sommes déjà présents dans certains événements comme le congrès Olfaction et perspectives de l’Isipca. Mais nous voulons mieux mettre en avant les travaux de nos chercheurs : le partenariat avec Nez nous donne beaucoup d’espoir en ce sens.

Visuel : Nathalie Mandairon et Xavier Fernandez

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