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Apparue dans les années 1960-1970, l’extraction au CO₂ supercritique, un gaz carbonique comprimé jusqu’à ce qu’il atteigne l’état de fluide, se taille désormais une part croissante dans la palette des parfumeurs. Respectant les principes de la chimie verte, elle répond aux nouvelles attentes des marques et des consommateurs. Quels sont ses avantages par rapport à d’autres procédés ? Et ses limites ? Est-elle amenée à se développer ? Cyrille Santerre, enseignant formateur en chimie analytique à l’Isipca (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire), nous livre son éclairage.
À partir de quel type de matières premières peut-on obtenir un extrait CO2 ?
Toute matière végétale peut potentiellement subir une extraction au CO2. Mais la présence d’eau, parce que le CO2 n’y est que faiblement soluble et parce qu’elle acidifie le milieu, rend l’extraction plus difficile. Or les plantes fraîches, comme la lavande ou le jasmin, contiennent un pourcentage d’eau important. Pour rendre l’extraction possible, il faut réduire ce taux d’humidité, ce qui allonge et complique le processus, induisant un coût supplémentaire. Pour le moment, le catalogue des maisons de composition présente donc essentiellement des extraits CO2 de matières sèches : poivre (et notamment baie rose, qui s’y prête particulièrement par son rendement), vétiver, baie de café, vanille…
Quel est le profil olfactif d’un extrait CO2 ?
Comparé à celui d’autres méthodes d’extraction, le résultat est plus proche de « la matrice d’origine », c’est-à-dire la plante. Cette différence vient notamment du fait que l’hydrodistillation et la distillation par entraînement à la vapeur d’eau nécessitent une température aux alentours de 100 °C, qui peut provoquer une dégradation de certaines molécules olfactives et qui n’entraîne pas forcément toutes les molécules dans le distillat, alors que l’extraction au CO2 se fait presque à froid, à partir de 32 ou 33 °C, et prémunit donc de ces dégradations thermiques. On obtient ainsi un produit plus fidèle, avec davantage de facettes – qui peut en revanche se révéler plus complexe à travailler pour un parfumeur.
Quel est son impact écologique ?
Ce type d’extraction respecte les principes de la chimie verte, avec un impact limité sur l’environnement. On utilise un CO2 issu par exemple de la méthanisation, qui permet d’obtenir du gaz à partir de matières organiques issues d’exploitations agricoles, de l’industrie agroalimentaire, des collectivités, des filières de production d’engrais ou de bioéthanol… On revalorise donc ce qui est considéré comme un déchet. Grâce à de nouveaux appareils, on peut travailler en circuit fermé, ce qui permet de recycler le CO2. Enfin, ce type d’extraction nécessite moins d’énergie que l’hydrodistillation : on doit simplement comprimer le CO2 pour le chauffer très légèrement. À cause du caractère apolaire du CO2 [ses charges électriques positives et négatives sont réparties symétriquement], cela suppose parfois l’emploi de cosolvants, en fonction des molécules que l’on recherche : on peut alors utiliser du bioéthanol, ce qui permet de conserver le solvant au moment de formuler.
Quelle part occupent aujourd’hui les extractions au CO2 dans la palette des parfumeurs ?
C’est un procédé cher, plutôt réservé au luxe. Je dirais qu’il représente moins de 1 % de la palette, pour donner un ordre d’idées. Mais la tendance est à la hausse, face à la demande croissante de produits plus « verts ».
Ces techniques peuvent-elles à l’avenir concurrencer les autres méthodes d’extraction ?
Elles ne les remplaceront pas, mais il serait intéressant de les développer en tant qu’outil complémentaire. Restera alors la question du prix. Les rendements obtenus par extraction au CO2 sont souvent moins importants que ceux de la distillation, par exemple. D’autre part, l’appareillage coûte plus cher, et c’est un matériel qui demande un nettoyage particulier, donc du temps et des coûts supplémentaires. Mais l’essor, notamment aux États-Unis, d’extraits CO2 de cannabis à usage thérapeutique et d’extraits de houblon pour l’industrie alimentaire facilitera sans doute ce type d’extraction en parfumerie.
Cet entretien est tiré de :
Le Grand Livre du parfum – Pour une culture olfactive, 2e édition augmentée, 240 pages, Collectif, Nez éditions, 2020, 30€
- Disponible pour la France et à l’international : Shop Auparfum
- Disponible pour l’Amérique du Nord : www.nez-editions.us
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Bonjour
à Nancy notamment, on a bossé sur des prototypes d’extraction et Chromatographie pour fractionner les huiles essentielles : déterpénation et élimination des photoallergènes (5 MOP Bergaptène entre autres dans l’huile de Bergamote) ….cela Remonte au siècle dernier
On a aussi fait de l’hydrogénation de certains terpènes avec beaucoup de succès
Mais les industriels nétaient pas prêts à investir à l’époque….et maintenant avec les nouvelles réglementations (l’élimination de certaines impuretés augmentent les côuts de production) …