Le 3 décembre dernier se tenait au château d’Artigny (Montbazon, Indre-et-Loire), la cérémonie de remise du prix François Coty 2018 à laquelle nous avons pu assister. Ce château du Val-de-Loire, de style néoclassique, qui abrite désormais un hôtel 5 étoiles, a été construit par François Coty entre 1919 et 1928, et constituait l’un des principaux lieux de vie de l’industriel corse. Emilie Coppermann (Symrise) a été désignée lauréate de cette nouvelle édition.
Créée en 2000, mise en sommeil en 2006 et relancée en 2017, L’Association François Coty a pour mission de perpétuer l’esprit et l’audace de François Coty. Aujourd’hui, Véronique Coty, arrière-arrière-petite-fille du parfumeur, en reprend la présidence. L’Association s’investit dans de nombreux projets dont l’objectif principal est de transmettre l’histoire de François Coty et de ses créations. Elle organise régulièrement des expositions, des rétrospectives et des conférences auprès de différents publics.
Le Prix François Coty, quant à lui, a également été initié en 2000 par Henri Coty, petit-fils du créateur, afin de distinguer un parfumeur particulièrement talentueux et audacieux dont les parfums se sont démarqués par leur beauté, leur originalité et leur technicité. Le jury désigne le lauréat lors d’un test à l’aveugle pour lequel les candidats sélectionnés ont proposé trois de leurs créations, dont un parfum lancé depuis 2017. La liste des nominés est dressée par une commission composée de la présidente Véronique Coty et de membres experts de l’Association François Coty, accompagnée de spécialistes (Commission technique de la Société française des parfumeurs et l’Osmothèque, conservatoire international des parfums). Durant ses dix années d’existence (2000-2010), le prix a ainsi récompensé de grands noms de la parfumerie : Jacques Cavallier, Maurice Roucel, Dominique Ropion, Francis Kurkdjian, Alberto Morillas, Olivier Pescheux, Christine Nagel, Olivier Polge et Sophie Labbé.
Influencée et touchée par la démarche de son grand-père Henri Coty, Véronique Coty, avec son mari Nicolas Gandilhon, a tout mis en œuvre pour relancer ce prix avec pour objectif la reconnaissance envers les parfumeurs, « ces artistes de l’ombre ».
Pour y participer, les parfumeurs doivent soumettre leurs créations. La maîtrise technique, l’écriture, l’harmonie, le raffinement sont autant de critères d’appréciation que l’originalité et la mémorabilité.
Le prix François Coty s’applique à tenir compte de l’ensemble de ces signes pour choisir le lauréat. Véronique Coty ajoute : « la transmission de mon patrimoine familial historique et la mise en lumière des parfumeurs-créateurs d’aujourd’hui sont les premières motivations d’une démarche culturelle et artistique qui se définit au travers de l’organisation de cet évènement, de conférences olfactives, d’expositions, de films, afin de sensibiliser les nouvelles générations. »
Le jury 2018, présidé par l’actrice Karin Viard, se composait de Jean Guichard (Parfumeur), Caroline Furstoss (chef-sommelière), Laurence Férat (journaliste spécialiste parfums), Daniel Molière (parfumeur-osmothéquaire), Erik Halley (plumassier brodeur), Mathilde Le Chatelier (Secrétaire générale de l’association François Coty).
Il a décerné le prix François Coty 2018 à la créatrice de parfum Emilie Coppermann (Symrise), pour l’ensemble de son travail et notamment ses créations MajaïnaSin de The Different Company (une vanille crémeuse et épicée), 212 VIP Men de Carolina Herrera (un oriental boisé), et le très beau Hallucinogenic Pearl d’A Lab on Fire, superbe accord iris-violette cuiré et poudré.
Une exposition passionnante sur l’œuvre de François Coty a été installée pour l’occasion dans le grand hall d’entrée du château, permettant d’admirer de somptueux flacons anciens, des cosmétiques et objets de toilette de la marque. Au plaisir visuel s’est ajouté le ravissement olfactif, avec la présentation d’une sélection de 8 parfums emblématiques de l’œuvre de François Coty, recomposés par l’Osmothèque : La Rose Jacqueminot (1904), Ambre antique (1905), L’Origan (1905), Le Jasmin de Corse (1906), Cordon rouge (1909), Chypre (1917), Émeraude (1921) et L’Aimant (1927).
C’est Véronique Coty qui a ouvert la soirée en rendant un hommage émouvant à son grand-père Henri Coty, fondateur du prix en 2000 et à son arrière-arrière-grand-père, François Coty.
Jean Kerléo (parfumeur et cofondateur de l’Osmothèque) a ensuite tenu une conférence passionnante sur l’œuvre de François Coty. Il s’agissait de la dernière intervention de ce grand monsieur, qui tirait ce soir-là sa révérence. Merci Monsieur Kerléo, pour ce que vous avez apporté à la parfumerie française, son patrimoine et sa reconnaissance.
On ne peut que saluer le travail de Véronique Coty, de Nicolas Gandilhon et des membres de l’association François Coty pour l’organisation d’un événement, qui a su rassembler la profession le temps d’une belle soirée. Il est maintenant essentiel que le prix s’inscrive dans la pérennité.
Le site du Prix François Coty : www.francoiscoty.fr
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