Nez, la revue… de presse – #6 – Où l’on apprend que les nez fins n’ont pas besoin de Google Maps

Au menu de notre revue de presse cette semaine : la haine farouche suscitée par l’innocente betterave est certainement plus liée à la génétique qu’aux souvenirs de cantine, vers un implant cérébral pour guérir l’anosmie, et cultiver votre odorat pourrait allonger votre espérance de vie.

Sommes-nous tous égaux face aux odeurs ? S’il vous arrive de penser « Mais comment peut-on aimer porter ça ??? » en sentant certains sillages dans le métro… eh bien la science a peut-être la réponse, nous dit le New York Times. Selon une étude menée à l’Université Rockefeller à New York, nous sentons tous un peu différemment, et ces divergences de perception seraient dues à nos gènes. Pour ces travaux, 300 personnes ont senti des fioles, et devaient évaluer l’intensité de leur odeur et le plaisir qu’elle leur procurait – ou pas. Résultat ? Les participants ne percevaient pas de la même manière le parfum du muguet, les effluves terreux de la betterave ou encore le caractère tourbé d’un whisky, entre autres. Plus étonnant : ces différences concernant des dizaines d’odeurs sont liées à une seule et même mutation génétique, identifiée par les auteurs de l’étude.

Vous repérez au nez une clochette de muguet ou un amateur de Diorissimo à des kilomètres à la ronde ? Réjouissez-vous : vous avez certainement le sens de l’orientation. L’hypothèse d’un lien entre odorat développé et capacité à s’orienter remonte aux années 70, et une étude réalisée par l’Université McGill à Montréal et récemment publiée dans la revue Nature vient l’étayer. 57 volontaires ont été invités à naviguer dans une ville virtuelle, puis à sentir et identifier 40 échantillons odorants. Ce sont les mêmes personnes qui ont réussi le mieux les deux tests, pourtant sans lien apparent entre eux. Parce que mémoire spatiale et acuité olfactive mobilisent en réalité les mêmes zones du cerveau : hippocampe droit et cortex orbitofrontal médian, qui s’épaississent d’ailleurs proportionnellement au développement de ces deux capacités. Un héritage de nos ancêtres préhistoriques qui mémorisaient leur territoire en même temps que l’odeur des proies et des prédateurs qui s’y trouvaient ?

Un odorat plus développé que la moyenne pourrait aussi allonger votre espérance de vie, selon une étude de l’université du Michigan relayée par France Inter. Il y a 13 ans, des chercheurs américains ont ainsi fait sentir et reconnaître une douzaine de parfums à 2300 personnes âgées de 71 à 82 ans. Depuis, ils analysent les causes de décès de leurs patients. « Les personnes qui avaient un mauvais odorat au début de l’étude avaient 46 % plus de risque de mourir prématurément, comparés aux personnes qui avaient un bon odorat », explique le professeur d’épidémiologie et de biologie Honglei Chen. Des études avaient déjà fait le lien entre perte d’odorat et maladies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer, mais pour la première fois, ces travaux montrent qu’il est également possible que les personnes avec un odorat plus faible aient plus de chances de mourir d’une maladie cardiovasculaire, sans que l’on sache l’expliquer pour le moment.

De quoi rendre particulièrement précieuses les recherches menées par les écoles de médecine de Harvard et de l’université de Virginie concernant un implant cérébral pour guérir l’anosmie, décrites sur le site Scientific American. Le docteur Eric Holbrook, médecin ORL au Massachussets Eye and Ear Hospital, est parvenu à provoquer des sensations olfactives chez des personnes à l’odorat normal, en l’absence d’odeurs, mais grâce à la stimulation électrique des nerfs du bulbe olfactif. Une première réussite encourageante qui pourrait à terme permettre de restaurer l’odorat de ceux qui l’ont perdu.

Ces deux-là ne semblent pas avoir de problèmes d’odorat : Fashion magazine a interrogé les critiques de parfums Luca Turin et Tania Sanchez. Rachat des marques de niche par les grands groupes, lancement de lignes exclusives par les grandes marques, développement des parfums naturels, engouement pour le oud, envol des prix : les auteurs de Perfumes – The Guide retracent l’évolution du secteur durant les dix dernières années. Et évoquent leurs derniers coups de cœur et leurs remords, de la réédition de l’Iris gris de Jacques Fath aux créations de Zoologist Perfumes en passant par Pamplelune de Guerlain, Eden de Cacharel, ou La nuit de Paco Rabanne.

Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !

Visuel principal : © Morgane Fadanelli

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