Au menu de notre revue de presse : le parfum qui chatouillait le nez de Cléopâtre, l’encens menacé de disparition, l’odorat des femmes et celui des hommes, dernier siège de l’inégalité entre les sexes, y a-t-il vraiment une odeur… de vieux ?
Une femme a fait l’actualité olfactive cet été, suscitant une multitude d’articles. Il s’agit de… Cléopâtre. Depuis des siècles, son nez est sujet à commentaires et à fantasmes, mais si la reine d’Egypte a éveillé l’intérêt ces dernières semaines, c’est pour son parfum supposé. Deux archéologues américains de l’Université d’Hawaï prétendent l’avoir reconstitué grâce à des résidus découverts dans des jarres antiques à Thmuis, en Basse-Egypte.
Appelé Mendesian, il était composé de myrrhe, d’huile d’olive, de cannelle et de cardamome. Prisé par l’aristocratie de l’époque, a-t-il été vraiment porté par la souveraine ? Rien n’est moins sûr, estiment FuturaSciences et The Conversation, qui soulignent que Cléopâtre se faisait créer des parfums sur mesure, loin de se contenter du tout venant, fût-il de niche. Dora Goldsmith, l’égyptologue qui a participé au projet, assure en tout cas que le Mendesian était « l’emblème olfactif de l’Egypte ancienne ».
L’encens ne figurait pas dans la composition de ce parfum, mais il était en revanche utilisé pour embaumer les corps des pharaons, et parfumer leurs tombes. La résine issue des arbres du genre Boswellia serait menacée de disparition, prévient le New York Times, citant une étude publiée dans Nature Sustainability. La surexploitation des forêts face à l’augmentation de la demande et la dégradation des écosystèmes dans la corne de l’Afrique pourrait causer la mort de la moitié des précieux arbres d’ici vingt ans. La création de plantations et de réglementations durables en matière d’exploitation seraient néanmoins susceptible d’inverser la tendance.
Les momies égyptiennes sentaient donc l’encens, mais les plus âgés d’entre nous ont-ils une odeur spécifique ?, s’interroge le même quotidien new-yorkais. Les scientifiques qui ont étudié le sujet sont divisés. Johan Lundstrom, un biologiste américain, affirme que ses études valident ce que des chercheurs japonais ont découvert en 2001 : un aldéhyde insaturé appelé non-2-enal est plus concentré sur la peau des personnes âgées, produisant une odeur caractéristique perçue comme herbacée, cireuse ou grasse. Mais un de ses collègues soutient des conclusions radicalement différentes. Et si cette odeur était davantage liée à des problèmes de santé conduisant à la décomposition des cellules qu’à l’âge en lui-même ? Voilà qui pourrait réconcilier tout le monde.
Quoique : il semblerait que notre perception des odeurs diffère selon notre sexe… Selon des travaux menés à Philadelphie, le bulbe olfactif des femmes contient en moyenne beaucoup plus de cellules que celui des hommes, ce qui est un bon indicateur d’un odorat plus performant. Par ailleurs, lors d’expositions répétées à des odeurs, la capacité des femmes à les identifier a été multipliée par 100 000, quand celle de la majorité des hommes n’était pas améliorée. Une différence qui pourrait tenir au fait qu’un bon odorat facilite le lien mère-enfant et le choix d’un partenaire potentiel pour les femmes, et aurait donc été favorisé par l’évolution.
Si hommes et femmes ne sentent pas forcément de la même manière, les parfums gender fluid sont décidément en vogue, constituant 51% des lancements pour 2018 (contre 17% en 2010), relève le site Cosmetics Business. Parmi les autres grandes tendances actuelles du marché du parfum : croissance insolente des marques les plus luxueuses, importance de l’expérience client dans les points de vente, demande d’information sur les ingrédients et souci de la préservation de l’environnement.
Une autre tendance qui n’est pas près de s’éteindre : celle des flankers, sur lesquels se penchent Les Echos. A la fois opportunité de « rectifier le tir » si le lancement initial n’est pas la hauteur des espérances, ou de faire coup double en cas de succès, ils envahissent les rayonnages. Un grand pilier de marque est désormais décliné en six versions en moyenne, note le quotidien.
Et nous terminons cette revue de presse avec Sauvage de Dior, qui après une première déclinaison en eau de parfum, introduit une nouvelle concentration « parfum » qui a déjà déclenché une polémique. Non à cause du jus lui-même, mais plutôt de la pub qui l’accompagne.
La maison de couture a choisi d’illustrer la déclinaison parfum de Sauvage en mettant en scène Johnny Depp et des Amérindiens. Face aux accusations d’appropriation culturelle et de racisme, la marque de luxe a précipitamment retiré le spot.
Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs !
Visuel principal : © Morgane Fadanelli
Commentaires