S’offrir un flacon d’une marque tellement niche qu’on ne la trouve nulle part ailleurs en France, assister à la performance d’une danseuse inspirée par des parfums, écouter une conférence sur les femmes parfumeurs, participer à une séance de méditation olfactive… Autant de possibilités offertes par La Place. Niché depuis septembre dans une rue discrète du quartier Montorgueil à Paris, cet espace hybride entre parfumerie, galerie d’art et espace de conférences a été imaginé par Emmanuel Pierre, architecte et designer, et Virginie Roux, fondatrice de la marque Au pays de la fleur d’oranger. Elle a répondu aux questions de Nez.
Comment définissez-vous La Place ?
C’est une sorte d’incubateur pour des créatifs talentueux, mais aussi une galerie d’art, un think tank, un centre culturel et artistique… Notre concept est évolutif, comme une installation ! L’idée qui nous a guidés, c’est que l’union fait la force. Après avoir fondé ma propre maison, Au pays de la fleur d’oranger, je rencontrais beaucoup de petites marques sur des salons qui me disaient « J’aimerais avoir une boutique à Paris, mais c’est impossible ». Nous avons tous les mêmes problèmes de communication et de finance. Il faut donc mutualiser. J’ai décidé de créer ce lieu avec Emmanuel en se distinguant de ce qui existe déjà : nous ne sommes pas une simple parfumerie, mais nous voulons donner du sens au parfum. En le confrontant à divers arts (sculpture, peinture, photo, mais aussi danse, musique, poésie), et en organisant des événements autour de la culture olfactive, des conférences, des ateliers, des expositions, des vernissages… Cela fait de La Place un lieu de rencontre, un lieu pour être visible, pour s’exprimer, pour recevoir sa clientèle. De ces rencontres, il y a des projets communs qui naîtront. Nous essayons d’être une référence, « the place to be ». Notre concept hybride intrigue beaucoup de grandes marques qui viennent voir ce que nous proposons.
Quels sont les prochains événements à venir ?
Nos expositions durent à peu près un mois : après les œuvres de la sculptrice Cristina Marquès et du peintre Ray Renaudin consacrées à la vibration, nous accueillons à partir du 3 mars la photographe Anna Shumanskaia, qui a travaillé sur la nudité au féminin. L’exposition donnera lieu à des performances les 8, 16 et 21 mars.
Côté olfactif, dès le 6 mars, Eléonore de Staël, parfumeur qui avait remporté le premier concours Corpo 35 et qui travaille en 100% naturel, nous proposera une approche ludique sur le thème du voyage intérieur. Quelle résonance peut avoir le parfum dans notre quotidien ? Il y aura douze matières premières à découvrir, associées à certaines vertus (l’ancrage pour le vétiver, la joie pour l’ylang ylang…) et quatre créations d’Eléonore élaborées entre autres avec ces matières. Le jeu sera de retrouver quel parfum correspond à quelle vertu. Le 12 mars, sa mère, qui est professeur de yoga, animera une séance de méditation olfactive pour préparer le corps à recevoir le parfum.
Puis en mai nous avons prévu une exposition avec des œuvres de sept artistes dédiées à la fleur et au parfum, et une autre sur la Provence, ce qui permettra de parler de Grasse et du classement des savoir-faire liés aux parfums au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Et concernant les conférences ?
Nous recevrons à nouveau l’historienne Annick le Guérer, qui nous parlera des épices dans le parfum le 7 mars à 18h, et des routes de l’encens le 9 avril à 18h. Eléonore donnera pour compléter son exposition une conférence sur le parfum au naturel 9 mars à 18h. Jérôme Dinand nous apprendra tout sur l’Asie et l’art du flacon le 26 mars à 18h. Je précise que toutes nos conférences sont gratuites.
Comment êtes-vous arrivée dans le monde du parfum ?
Il a fallu tout un cheminement, parce que je suis juriste à la base ! D’ailleurs aujourd’hui je continue à conseiller des start up dans des domaines hors parfum, notamment tournées vers l’Afrique.
Mais ma famille était productrice de fleur d’oranger et de rose en pays grassois, et j’ai créé ma marque Au pays de la fleur d’oranger il y a vingt ans. Quand j’ai commencé, on me regardait avec de grands yeux : la tendance à l’époque était plutôt à la rose, et on parlait très peu de fleur d’oranger. Surtout, dans l’imaginaire de la plupart des gens, la Côte d’Azur, ça reste la lavande. Alors qu’elle pousse bien plus haut… Le pays de Grasse, ce sont plutôt les agrumes, le jasmin, la rose, le mimosa, l’oranger. Je voulais amener les gens dans ce terroir. Au début je faisais des cosmétiques, de l’alimentaire, puis j’ai lancé mes propres créations avec des parfumeurs, en gardant cette idée de mise en valeur d’un terroir, puis en menant une réflexion sur la filiation, à travers l’Eau de Madeleine, hommage à ma grand-mère, ou L’Eau de Gina, ma mère d’origine italienne. La thématique du droits des femmes et de leur liberté est aussi une constante, avec l’Eau de Virginie lien vers AOA 2018, une tubéreuse contrastant avec un mimosa très animal, Liberté Bohème, Poudre de Liberté… On retrouve finalement la juriste.
—
La Place
9 rue Française
75002 Paris
Du mardi au samedi 13h15-20h15, le dimanche 14-18h
La liste des marques à retrouver à La Place : Au Pays de la fleur d’oranger, July of St Barth, Absolument parfumeur, Maison Micallef, Paul Emilien, Rose et Marius, Hersip, Rosendo Mateu, Promenade à Auvers, Coquillete Paris, Affinessence, Pont des arts, Elementals, Scentys, State of Mind, Le Jardin retrouvé, Eutopie.
Et les publications de Nez éditions bien sûr !
Commentaires