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Cet article a été écrit en partenariat avec Symrise.
Accompagner, former, développer des créateurs en devenir sont les missions de l’école de parfumerie interne de Symrise depuis 2007. On estime à une douzaine d’années le temps nécessaire pour devenir parfumeur senior. Symrise se doit donc d’avoir une vision à long terme pour s’assurer de toujours disposer de ressources créatives dans la durée. Depuis plus de 10 ans, la société a formé 30 nez aujourd’hui répartis dans ses centres créatifs à travers le monde.
Si ce n’est pas toujours un passage obligé, intégrer une formation interne peut être déterminant pour les parfumeurs en devenir. Marine Ipert, jeune diplômée de l’école Symrise, l’affirme : « pour devenir parfumeur, le boulevard, c’est une école interne ». C’est la voie royale après des écoles comme l’Isipca (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire), l’ESP (Ecole Supérieure du Parfum) ou le GIP (Grasse Institute of Perfumery). Chez Symrise, ce sont quatre années supplémentaires pour se perfectionner, maîtriser les fondamentaux, découvrir les différentes catégories (Fine, Beauty, Home) et les spécificités régionales.
Sous l’impulsion de Béatrice Favre-Bulle, Senior Vice President Perfumery Excellence & Sustainability, la société a mis en place un tableau de renouvellement des forces créatives basé sur la pyramide des âges. « Essayer d’identifier les profils qui vont devenir un jour des parfumeurs à succès est une des choses les plus difficiles » affirme Véronique Ferval, VP Global Creation Fine Fragrances. Investissement à long terme, l’identification et le recrutement de ces jeunes talents constitue l’une des clés du succès de l’entreprise pour les décennies à venir.
Un parfumeur est comme un architecte
« Pour moi, un parfumeur est comme un architecte, il doit savoir répondre à des contraintes techniques pures tout en sachant construire de manière créative » raconte Véronique Ferval. « Il faut trouver des profils à l’esprit presque mathématique, curieux, ayant une vie culturelle riche et qui souhaitent toucher les consommateurs de manière émotionnelle » poursuit-elle. Les étudiants qui ont une formation de chimiste et qui ont suivi une école de parfumerie sont privilégiés mais « ce qui compte c’est évidemment d’avoir un excellent sens de l’odorat et la capacité à développer sa mémoire des odeurs » note Béatrice Favre-Bulle. « Être laborantin ou évaluateur dans la maison est un réel atout pour le candidat qui découvre les rouages de l’entreprise. Cela nous permet aussi d’apprendre à le connaître et à évaluer sa capacité à travailler en équipe, à recevoir du feedback. Les épreuves d’admission sont les mêmes pour tout le monde », insiste Béatrice Favre-Bulle. « Nous faisons passer des tests olfactifs, d’anglais et un test OPQ, qui permet de mesurer les diverses aptitudes du candidat, par exemple celle à prendre le leadership d’un projet ou à résoudre des problèmes complexes sans avoir toutes les clés en mains – exercice typique lors d’un brief ! ».
Les candidats retenus pour la formation de parfumeur créateur ou de parfumeur technique – dont la mission sera par exemple de remplacer les matières premières aujourd’hui indisponibles ou à remplacer en raison de nouvelles dispositions réglementaires – sont alors invités à Holzminden en Allemagne, le centre historique de la maison. Devant un jury de plusieurs personnes, ils présentent leurs motivations, prouvent leur détermination comme s’ils s’adressaient à un client. Savoir communiquer et recevoir du feedback est la clé. « Je ne vois pas comment un parfumeur qui reste toujours derrière son bureau, sans jamais sortir ni parler avec les évaluateurs ou les clients, pourrait se perfectionner ! » assure Béatrice Favre-Bulle.
Une immersion totale
Perçu comme « une bulle », le siège d’Holzminden accueille les étudiants lors de leurs premières années de formation. Jeune alumni, Suzy Le Helley décrit cette ville du centre du pays comme le « Grasse de l’Allemagne ». Ses habitants « ont connu tout un pan de l’histoire de la parfumerie, travaillent pour Symrise depuis 30 ou 40 ans et ont des décennies de connaissances à partager. C’est fascinant ! ». Pendant cette période, poursuit-elle, « ma curiosité a pu enfin être assouvie ! Si j’avais envie de me renseigner sur d’anciennes formules, de feuilleter de vieux livres, il y avait dans la bibliothèque de Symrise tous ces ouvrages de parfumerie à ma disposition ». En outre, les étudiants ont bien évidemment accès à l’ensemble du patrimoine olfactif de la maison, à sa palette active ainsi qu’aux matières premières retirées du marché, comme les bases de Laire ou aux formules des parfums discontinués. Tout est là, disponible sur simple demande. Une véritable caverne d’Ali Baba pour ces parfumeurs en herbe.
Loin des pressions commerciales intrinsèques à leurs fonctions d’aujourd’hui, les alumni insistent tous sur la liberté qui est la leur et le luxe du temps dont ils bénéficient durant leurs années à Holzminden. La liberté d’aller et venir sur les sites de production pour découvrir les différentes facettes de la machine Symrise et avoir « le temps d’explorer, de sentir, de créer et d’approfondir » précise Leslie Gauthier, qui a suivi la formation il y a quelques années. Une période pendant laquelle les parfumeurs apprennent, font leurs gammes à leur rythme et créent leurs premiers accords, qui sont d’abord très simples. Pour leurs premiers accords de fruits et de fleurs, Mathias Werner, Parfumeur Senior responsable de la formation des jeunes talents, anime la formation au rythme des saisons, en les faisant travailler avec des produits fraîchement cueillis. Une balade en forêt, pour un accord champignon sous-bois, une récolte de fraises ou une dégustation de dizaines de variétés de pommes constituent le point de départ de leurs travaux. Les accords se complexifient au fil des mois et les parfumeurs travaillent peu à peu sur les schémas classiques de la parfumerie tels que Fahrenheit de Dior ou une traditionnelle crème Nivea. Pendant cette formation, les parfumeurs créateurs et techniques constituent leur boîte à outils. Au fur et à mesure, « on conçoit notre base de données de matières premières, notre bible personnelle incluant descripteurs, familles olfactives, origines, molécules et les codes Symrise associés. Aujourd’hui encore je reprends beaucoup de ces accords comme base pour la création de mes parfums » explique Leslie Gauthier.
Esprit d’équipe et collaboration
Recrutés par promotion, cinq à six élèves sont formés simultanément et viennent de différents continents : Asie, Amérique latine, Europe. « En apprenant ensemble, on découvre l’influence culturelle de nos apprentissages olfactifs respectifs. C’est essentiel pour la suite » s’enthousiasme Leslie Gauthier. Passée par Symrise Barcelone et Paris, elle travaille désormais à São Paulo. Au cours de cette formation, il ne s’agit pas d’étudier ensemble de manière parallèle mais de travailler sur les mêmes projets et en « open source ». À titre d’exemple, les formules des meilleurs accords sont systématiquement partagés entre tous. Exit la culture du secret !
« Au delà de la collaboration, on crée une camaraderie et cela vient développer un esprit d’équipe cher à Symrise. Il y a une vraie transparence et confiance qui se crée entre les étudiants au sein d’une promotion, mais aussi d’une promotion à l’autre » explique Véronique Ferval. Une manière de renforcer et d’ancrer une culture d’entreprise, bien sûr, mais une démarche qui est aussi dans l’air du temps des métiers créatifs aujourd’hui. « On retrouve cela dans la mode, dans des bureaux de design ou d’architecture. Mais en parfumerie je pense qu’on est assez en avance par rapport à cette tendance » insiste Véronique Ferval. « Collaborer ne veut pas forcément dire faire la même chose que l’autre. Ça veut dire apporter un point de vue, sa différence et pour cela, il faut que les gens puissent se comprendre » indique-t-elle. Passer par la même école, c’est donc offrir la possibilité de développer un langage commun pour mieux créer ensemble, et pour les autres.
Les deux dernières années des parfumeurs-créateurs se déroulent dans les centres créatifs du monde entier où chaque étudiant est accompagné par un mentor. Un parfumeur senior lui apprend les rouages du métier et lui transmet ses méthodes de travail. Un apprentissage de terrain exceptionnel selon le parfumeur Isaac Sinclair. « Maurice Roucel regardait mes formules, me questionnait sur mes compositions et m’apprenait les bonnes pratiques ». Suthathip Thedvichienchai, jeune créatrice thaïlandaise, confirme l’importance de ce stade de la formation : « Travailler avec plusieurs mentors, dans plusieurs pays et sur diverses catégories m’a permis de découvrir le style de chacun et la diversité de leurs techniques ». Une étape déterminante pour l’écriture de son propre style, confirme-t-elle, et la voie vers l’autonomie.
Le cursus se clôture par un « masterpiece », «un sujet d’étude lié à un projet de R&D répondant à des problématiques actuelles rencontrées par Symrise » précise Marine Ipert. L’esprit d’innovation est encouragé pour ces travaux soutenus devant un jury, à l’instar d’un travail de doctorat. Recherches autour de matières renouvelables et durables qui pourraient intégrer la palette Symrise, études d’alternatives plus durables pour les matières premières à risque ou exploration de l’application des nouvelles technologies développées par la R&D : les options sont diverses mais se doivent d’être liées à des problématiques actuelles de l’industrie de la parfumerie. Car « vouloir être parfumeur, c’est être un éternel étudiant. C’est savoir garder la curiosité et l’ouverture d’esprit de ses débuts, travailler dur, ne jamais se décourager, être tenace et savoir prendre des risques » conclut Véronique Ferval.
www.symrise.com
Instagram – @finefragrancestories_bysymrise
Crédit forêt Daniel Kunzfeld Photography
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En voilà un article très interessant et motivant, dommage que NEZ n’existait pas il y a 20 ans. Cela donne envie en tout cas !