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Frédéric Badie : « L’encens est une matière première que j’affectionne particulièrement »

Après des études de chimie, Frédéric Badie poursuit sa formation dans la formulation d’ingrédients naturels chez Mane, puis s’initie au contrôle olfactif et analytique chez Charabot, avant de devenir parfumeur chez CAL-Chauvet. Il occupe actuellement le poste de directeur R&D chez Payan Bertrand.


Entretien tiré du chapitre consacré à l’encens, dans l’ouvrage De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums (voir ci-dessous)

Quel est votre rapport à l’encens ?
C’est une matière première que j’affectionne particulièrement, car elle permet d’illustrer la multitude des traitements d’un ingrédient. Je la prends souvent en exemple pour montrer la richesse des possibilités offertes aux parfumeurs.

Quel est le point de départ de la transformation ?
La distillation démarre dès 6 heures du matin : 200 kilos de gomme sont ainsi distillés en une journée dans des alambics de 5 000 litres, puis déchargés le soir pour préparer la distillation du lendemain. Les « passées » [chargements d’une cuve] vont s’enchaîner pour traiter 4 tonnes de gomme par mois, dont le rendement oscille entre 6 et 8 %. Un assemblage sera effectué à partir de l’analyse du profil olfactif de la récolte afin d’établir notre standard.

Continuons la visite…
Un peu plus loin, voici le domaine des distillations sèches : la gomme est ici traitée en petits volumes, pure et sans eau, dans un réacteur ovoïde dont la température peut monter jusqu’à 300 °C. Les distillations sous vide ou pyrogénées permettent de facetter les notes, du balsamique au cuir fumé. Puis descendons dans nos ateliers d’extraction, où la gomme va être traitée en trois lavages à l’hexane ou à l’alcool pour offrir respectivement soit une absolue claire, épurée, soit un résinoïde balsamique et chaud de couleur brune. La visite se termine à l’atelier de distillation moléculaire qui permet d’obtenir des extraits liquides et clairs.

Quelles sont vos spécialités ?
Le fractionnement, réalisé à partir de l’essence, permet d’obtenir des « coeurs d’encens » aux notes plus propres, débarrassés des notes terpéniques(pinènes, alpha-thuyènes). Enfin, le Process e, véritable travail de formulation, consiste en un assemblage de différents encens concentrés pour équilibrer les facettes fraîches, balsamiques, résineuses, mais aussi cuirées et fumées.

Cet entretien est tiré du livre :
De la plante à l’essence – Un tour du monde des matières à parfums
From Plant to Essence – A World Tour of Fragrant Raw Material

(Français-English), Nez éditions, Collectif, 2021, 30€

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