Felipe San Juan Tejada (R&D scientist) et Magdalena Rey @Eurofragance

Eurofragance, actif dans les captifs

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Dans une industrie où la différenciation olfactive est un Graal, les grandes maisons de composition développent depuis longtemps des molécules dites « captives », c'est- à-dire d’usage exclusif. Depuis quelques années, Eurofragance, maison de composition installée tout près de Barcelone, a décidé d’adopter cette stratégie afin, entre autres, de renforcer le caractère unique de ses créations. Plongée dans les arcanes de cette course à l’innovation olfactive.

Cet article a été écrit en partenariat avec Eurofragance.

« Nous découvrons et inventons de nouveaux ingrédients qui enrichissent la palette des parfumeurs et rendent possibles de nouvelles expériences sensorielles » constate Felipe San Juan Tejada, scientifique au siège d’Eurofragance. Ces captifs d’origine naturelle ou synthétique constituent désormais un enjeu de taille pour les maisons de composition qui les créent.
Selon Olivier Anthony, directeur de la R&D : « un captif peut être une matière première existante ou bien issue de notre recherche interne. Conçu pour un usage exclusif dans un premier temps, il est généralement protégé par la propriété industrielle ».
Le captif peut avoir comme objectif de constituer une odeur innovante ou originale, mais aussi de remplacer une molécule ou une matière réglementée. Pour la société qui le développe, c’est un gage d’exclusivité olfactive, et de contrôle de l’ensemble d’une chaîne d’approvisionnement – par opposition à un ingrédient qu’elle achète à un fournisseur, par exemple.
« La possession d’un captif est auréolée d’une forme de prestige, mais c’est avant tout une façon de se différencier de la concurrence en répondant à un besoin créatif ou technique », continue Olivier Anthony. Sans oublier la possibilité, si la maison de composition le souhaite, de vendre le captif à d’autres sociétés pendant la validité du brevet.


Nature et synthèse

Qu’il désigne une origine naturelle ou synthétique, le mot « captif », en parfumerie, sous-entend une notion d’appartenance. La compagnie qui le développe en est propriétaire. Eurofragance a expérimenté l’option naturelle et synthétique : « pour notre captif L’Âme du Bois 1Lire sur le site https://www.eurofragance.com/fr/notre-ingredient-captif/, nous avons travaillé à partir de déchets de sciure de bois du cèdre rouge de l’Ouest, très utilisé dans l’industrie de la construction au Canada. » En purifiant ce matériau selon un procédé breveté par Eurofragance, les équipes ont mis en valeur des facettes olfactives particulièrement riches que l’on ne retrouve pas lors d’une extraction ordinaire. L’Âme du Bois est ainsi un ingrédient « surcyclé » (issu de l’upcycling), relevant d’une démarche durable, en résonance avec les objectifs d’Eurofragance pour sa palette d’ingrédients. En parallèle, les scientifiques du département R&D explorent des segments spécifiques de la chimie, susceptibles de leur offrir des composants à fort impact olfactif. « Nous construisons nos projets de recherche sur notre connaissance des besoins de nos parfumeurs, la compréhension des liens entre la structure des molécules et leur odeur, ainsi que sur une exploration de nouvelles voies de synthèse ou de purification », poursuit Olivier Anthony.
C’est ainsi que le captif Euphorion 2Lire sur le site https://www.eurofragance.com/fr/euphorion/ a vu le jour chez Eurofragance, une molécule cette fois entièrement synthétique contrairement à L’Âme du Bois. « Euphorion est un bon exemple de ce qui peut quelquefois se produire dans un processus de recherche. Né d’une démarche délibérée entreprise lors de notre travail sur un autre profil olfactif, il combine à la fois une singularité et des performances olfactives remarquables, » conclut Felipe San Juan Tejada. Les deux captifs, qui ont désormais rejoint la palette d’ingrédients d’Eurofragance, permettent à la société de singulariser ses créations en les dotant de spécificités esthétiquement et techniquement uniques.


Un projet transversal

Mais développer un captif nécessite une synergie de compétences qui ne se limite pas aux parfumeurs et aux scientifiques de la R&D. Si ce dernier département est clé dans le projet, de nombreux autres services sont sollicités : les évaluateurs et les parfumeurs techniques sont chargés de faire le lien entre les scientifiques et les parfumeurs créateurs pour s’assurer que les propriétés et performances olfactives du captif soient concrètement pertinentes dans des compositions parfumées, quelque que soit le format de l’application : alcool, crème, huile… Le service des achats est quant à lui chargé d’assurer un approvisionnement stable et constant de la matière première : végétale lorsqu’il s’agit d’un captif d’origine naturelle, mais aussi les précurseurs chimiques nécessaires à un captif de synthèse. Les sourceurs d’Eurofragance épluchent toutes les possibilités qu’offre la transformation des ingrédients naturels : valorisation de déchets et de résidus, purification d’essences et autres extractions spécifiques. Les aspects financiers et logistiques sont abordés pour mesurer les projections industrielles et évaluer la production à grande échelle et ses retombées économiques. Enfin, le département de conformité technique joue également un rôle prépondérant dans le développement du captif en informant les équipes sur la viabilité de leur démarche, assurant ainsi la pérennité du futur ingrédient. Il évalue aussi l’impact environnemental, depuis l’approvisionnement jusqu’à son élimination : « En particulier, tout au long de cette chaîne, nous étudions et mesurons l’impact que le captif peut avoir sur les émissions de carbone, la consommation d’eau, et d’éventuelles questions éthiques connexes » résume Diana March Bladé, responsable du développement durable et de la conformité technique chez Eurofragance. Enfin, ce dernier fait réaliser des tests par des organismes extérieurs afin de s’assurer de l’innocuité du captif. « Un des tests les plus connus concerne le trio CMR poursuit Diana, qui permet d’identifier les éventuels effets cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, mais il y a aussi les tests de sensibilisation qui visent à confirmer les propriétés non allergisantes du captif. »
Une fois que la réglementation du produit a été établie, Eurofragance homologue le nouveau captif et commence sa commercialisation.
 
À l’approche de l’annonce de lancement du produit, la communication entre en jeu et joue sur différents leviers pour séduire clients et prospects : « Le nom et la définition du captif doivent être parlants, et puisque nous nous adressons à des marques de parfum de toutes tailles, nous devons rendre très claires ses qualités, ce qu’il apporte à une composition et comment il peut être un vecteur de différenciation dans le produit fini » affirme Gloria Rosique, responsable de la communication institutionnelle d’Eurofragance. La société compte également sur l’engouement du client final pour les ingrédients de parfumerie et sur certains captifs, dont la notoriété grandit de jour en jour. « Avec nos captifs, nous participons, à notre échelle, à l’élargissement et l’amélioration de la palette des parfumeurs, » conclut Gloria Rosique.

Remerciements à Felipe San Juan Tejada, Oliver Anthony, Diana March Bladé, Stéphanie Marze et Gloria Rosique.


Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site d’Eurofragance.

Photo : Felipe San Juan Tejada, R&D Scientist et Magdalena Rey, Technical Perfumer
Crédit : @ Eurofragance

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