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En 1973 naissait l’IFRA, répondant au besoin d’harmoniser les pratiques de l’industrie du parfum pour mieux la réguler avec pour mot d’ordre la sécurité humaine et environnementale. Si cet organe, créé par les sociétés de composition elles-mêmes, est souvent blâmé pour les reformulations de formules qu’il entraîne, il permet pourtant de défendre la création des parfumeurs et d’assurer la sûreté des produits pour les consommateurs.
Le passage du XIXe au XXe siècle marque un tournant important pour la parfumerie, passant d’un artisanat de petite échelle à une industrie structurée, qui s’ouvre à de nouvelles classes sociales, notamment grâce à l’avènement de la chimie permettant de synthétiser de nouvelles molécules disponibles plus facilement, mais aussi à travers l’évolution des pratiques d’usage des fragrances.
Poursuivant dans cette volonté de structurer et de rationaliser le secteur, certains acteurs avancent au début des années 1960 qu’elle doit s’autoréguler afin de protéger les hommes et l’environnement, tout en continuant à exister et à faire rêver le monde par le bout du nez. Si ses volumes de production restent faibles en comparaison avec ceux d’autres industries, son emploi et sa production croissants et l’exportation de ses produits à l’échelle mondiale rendent nécessaires des dispositions plus spécifiques et des mesures d’autorégulation. C’est pourquoi A.L. van Ameringen, alors président d’IFF, envoie en 1965 une lettre aux directeurs des principales maisons de composition concurrentes pour leur soumettre l’idée de créer un organisme indépendant qui contrôlera la sûreté des ingrédients de parfumerie.
Certes, les sociétés effectuent déjà des recherches de leur côté ; mais celles-ci ne sont ni systématiques ni exhaustives. Pour parer à ce manque, le Research Institute for Fragrance Material (RIFM) est créé en 1966 : il produit les données scientifiques jusqu’alors manquantes. Mais il faut encore les transformer en indications concrètes pour que les parfumeurs puissent s’y référer, et réunir toutes les informations produites par les sociétés de composition par ailleurs.
L’Organisation européenne pour le contrôle des parfums et des arômes (OECB), fondée en 1967, commence à établir des normes obligatoires pour l’usage des ingrédients de cette industrie.
L’IFRA, une autorité qui défend l’auto-régulation
Poursuivant un but similaire, Guy Waldvogel, alors CEO de Givaudan, s’en inspire pour fonder l’IFRA en 1973 : elle produit des recommandations dont l’application est volontaire, et non pas légalement contraignante.
Le principe est relativement simple : puisque l’instance répond à un besoin des acteurs de la parfumerie, ce sont eux qui la financeront. Plusieurs associations nationales se réunissent dans cette optique. Pour garantir son indépendance, l’International Fragrance Association prend la forme d’une association à but non lucratif, distincte du Research Institute for Fragrance Materials (RIFM) qui produit les dossiers scientifiques, et travaille toujours avec le plus de transparence possible : pour assurer la sûreté des matières, celles-ci font désormais l’objet d’une publication officielle lorsqu’un problème est identifié.
Les membres de l’IFRA signent un code de conduite dans lequel figure le respect des standards IFRA, règles explicitant les conditions d’utilisation des matières pour garantir la sécurité pour les consommateurs et l’environnement. Cependant, depuis les années 2000, les réglementations imposées par les gouvernements des différents pays sont de plus en plus importantes et drastiques. C’est pourquoi en 1996, l’IFRA s’est implantée à Bruxelles, siège des institutions européennes, prenant alors un rôle supplémentaire : celui de défendre l’industrie auprès des décideurs politiques afin de porter la voix du secteur dans le cadre des discussions européennes visant à l’édiction de nouvelles réglementations. Elle apporte notamment son expertise dans le domaine de la parfumerie (aspects réglementaires, scientifiques) afin de s’assurer que les futures règles qui seront adoptées soient adéquates pour le secteur.
L’une des actions de l’IFRA tient également dans la communication des informations entre les différents acteurs. Du Meeting annuel qui rassemble ses membres pour discuter des enjeux de l’industrie, au Global Fragrance Summit qui, depuis 2017, rassemble de nombreux acteurs autour des tendances et des défis du secteur, en passant par les conférences, les webinaires et les newsletters, elle diversifie les canaux et occasions.
Mais l’histoire de l’IFRA est également ponctuée de plusieurs partenariats et collaborations qui lui ont permis d’évoluer au cours du temps.
Ainsi, en 2007, elle signe un protocole d’accord avec l’Union for Ethical BioTrade (UEBT) pour collaborer à la promotion de pratiques commerciales éthiques et durables dans l’industrie,
Pour promouvoir un engagement collectif de l’industrie vers des pratiques plus durables, l’une des premières étapes était d’établir un état des lieux qui rende compte des avancées déjà mises en place en la matière. C’est dans ce but que l’IFRA et l’IOFI (International Organization of the Flavor Industry), historiquement liées, ont joint leurs efforts et travaillé pendant quatre ans avec des membres et experts externes. Le premier IFRA-IOFI Sustainability Report, publié en 2021, permettra de suivre les progrès accomplis par le secteur en termes de durabilité au cours des années à venir. L’IFRA-IOFI Sustainability Charter, signée par 127 entreprises, permet de structurer l’engagement collectif des industries du parfum et des arômes autour de cinq domaines clés : l’approvisionnement responsable, la réduction de notre empreinte environnementale, le bien-être des employés, la sécurité des produits, et la transparence.
Naissance de l’IDEA (International Dialogue for the Evaluation of Allergens)
Poursuivant son but fondateur d’établir des normes communes pour l’industrie concernant l’utilisation des matières premières, l’IFRA met en place l’International Dialogue for the Evaluation of Allergens en 2008. Son but ? Échanger plus facilement avec les différentes parties prenantes afin de promouvoir une évaluation cohérente des allergènes. Le projet réunit scientifiques, dermatologues, experts politiques, représentants de la filière, afin de perfectionner les méthodes d’évaluation de la sécurité des produits. Il a notamment abouti à la mise en place de l’approche de l’évaluation quantitative des risques 2 (QRA2), pour prendre en compte les données les plus récentes, en intégrant par exemple les études sur les habitudes d’utilisation des consommateurs, ou encore en utilisant des modèles plus sophistiqués pour établir les seuils de sécurité des ingrédients. L’IDEA travaille également à développer un nouvel outil pour l’évaluation des tests cutanés qui permette de mesurer la pertinence des évaluations basées sur New Approach Methodologies (NAMs), qui se passent des tests sur animaux.
Les dates à retenir
1969 : Fondation de l’Organisation Internationale de l’Industrie des Arômes (IOFI)
1973 : Fondation de l’IFRA par Guy Waldvogel
1974 : Publication du premier standard (36 ingrédients, contre plus de 200 aujourd’hui)
1996 : L’IFRA ouvre un bureau à Bruxelles
2001 : Tripartition entre membres réguliers, associations nationales et membres soutien 2006 : Lancement de la première version du Quantitative Risk Assessment (QRA), méthode d’évaluation des risques pour la santé humaine associés à l’utilisation de parfums et d’arômes
2012 : Création du Dialogue International pour l’Evaluation des Allergènes (IDEA)
2016 : Lancement du programme IFRA Fragrance Sustainability Initiative, qui vise à encourager l’utilisation de matières premières d’origine durable dans les parfums et les arômes
2019 : Publication du rapport The Value of Fragrance
2022 : Dernière version de la Liste de Transparence IFRA
Texte initialement paru dans le livre publié par Nez, en partenariat avec l’IFRA : We Love Fragrances (livre en anglais uniquement)
We Love Fragrances, Nez, 160 pages, 2023
The world of fragrance, in all its infinite variety, is an essential part of our lives. Its many perspectives – cultural, economic, social and emotional, as well as agricultural, industrial and technological – are explored in this book, showing just how much fragrance is an element that links us together.
To perpetuate this field, the International Fragrance Association (IFRA) plays a role in the safety and sustainability of fragranced products.We Love Fragrances brings together numerous testimonials and gives voice to all players in the value chain, from growers, suppliers of natural and synthetic raw materials, creators and producers to researchers, engineers and chemists… A book to discover and rediscover fragrance in all its different facets and understand its present and future challenges.
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