Mehdi Lisi, Mane : « La chaire Diversité & Beauté nous permet de renouveler nos propositions créatives et de former nos futurs talents »

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En 2023, la maison de composition Mane et l’IFM (Institut Français de la Mode) s’associaient pour créer la chaire Diversité & Beauté, proposant une réflexion sur le concept de beauté en tant que construction culturelle. Caroline Ardelet, directrice de la chaire, et Mehdi Lisi, Global Fine Fragrance President chez Mane, nous racontent la genèse du projet, en exposent les enjeux et tirent un premier bilan de l’expérience.

Pour quelles raisons Mane a-t-elle souhaité créer cette chaire ?

Mehdi Lisi : D’abord parce que les concepts de diversité et d’inclusivité correspondent à notre culture d’entreprise et à des valeurs qui nous sont chères. Samantha Mane est la première femme à accéder au poste de CEO chez Mane, affirmant ainsi son rôle de leader dans une industrie longtemps dominée par les hommes. Ces thèmes nous intéressent aussi beaucoup d’un point de vue inspirationnel. En mettant en évidence les liens entre culture et beauté, la chaire nous permet de renouveler nos propositions créatives. Enfin, elle nous offre la possibilité de repérer et former nos futurs talents. Ce beau projet favorise une conjonction d’intérêts et d’expertises entre le monde de la recherche que représente l’IFM et nous qui sommes au quotidien au contact des marques.

Comment est né le projet ?

Caroline Ardelet : Nous nous sommes rencontrés il y a trois ans pour échanger sur nos sujets d’intérêt concernant la beauté, la féminité, l’évolution de la société, et il y a eu un match immédiat. J’avais publié plusieurs articles sur les stéréotypes culturels et la manière dont les consommateurs sont guidés inconsciemment par les normes dictées par leur environnement socio-culturel. Il se trouve que j’ai commencé ma carrière dans le parfum avant de devenir enseignante-chercheuse, et qu’il y a chez Mane des anciens de l’IFM. Nous avons très vite décidé de lancer ensemble un programme d’enseignement et de recherche.

Quelle forme prend ce programme ?

CA : La chaire est ouverte à un public varié : étudiants de l’IFM et hors IFM, professionnels, chercheurs, doctorants… Leur participation est gratuite. Tout au long de l’année, ils assistent à des cours, des workshops, des conférences, avec deux temps forts. D’une part une journée de présentation de nos travaux en juin, ouverte aux professionnels, aux étudiants, aux passionnés afin de vulgariser nos travaux. Et d’autre part ce qu’on appelle le challenge Imagine, organisé en partenariat avec des universités prestigieuses comme la NYU Stern Business School ou la Fundação Getulio Vargas à Rio de Janeiro. Les étudiants qui y participent conduisent un projet de recherche approfondi sur un groupe socio-culturel qui est sous-représenté dans la mode et l’industrie de la beauté. Ils vont à leur rencontre, échangent avec eux, et s’appuient sur la littérature en psychologie, sociologie et anthropologie pour comprendre les raisons de leur exclusion et proposer des solutions concrètes pour qu’il le soit moins. Après une soutenance à l’IFM, une grande finale est organisée à New York dans les bureaux de Mane.

Comment le parfum est-il intégré au programme ?

ML : Il est important de sensibiliser les participants au monde du parfum et de leur faire comprendre la chaîne de valeur de l’industrie pour les ouvrir à des perspectives de carrière auxquelles ils ne pensent pas forcément. Une journée de rencontre est organisée chaque année dans nos locaux de Bar-sur-Loup dans cette perspective. De nombreux thèmes sont abordés au cours de l’année : le sourcing, les matières premières, la législation, les nouvelles technologies, les neurosciences, les tendances, la psychologie de la consommation, la culture olfactive ou encore le storytelling – une thématique sur laquelle l’IFM peut nous apporter son expertise et qui est de plus en plus importante pour la nouvelle génération. 

Quel bilan pouvez-vous tirer de cette expérience après 2 ans ? 

CA : D’abord, nous sommes de plus en plus nombreux. Pour la première rentrée, il y a 2 ans, nous avions 25 participants ; ils sont aujourd’hui plus d’une centaine venus du monde entier (Chine, Royaume Uni, Brésil, Etats-Unis, France). Il faut surtout souligner qu’il y a peu d’expériences de ce type : nous produisons des données de première main, nous rencontrons des consommateurs, sans nous contenter de répéter ce qui a déjà été dit ailleurs. Il est question de diversité dans le contenu du programme, mais humainement, c’est aussi une expérience d’ouverture sur le monde, avec des étudiants et des professeurs venus d’horizons variés qui travaillent tous ensemble. Enfin, au rayon des projets, nous avons décidé de la publication d’un ouvrage prochainement pour que nos travaux aient encore plus d’impact. 

ML : Nous sommes les premiers à investir ce champ et on constate que cela suscite un vrai intérêt. La rencontre entre les acteurs de la beauté et le monde universitaire autour de cette thématique de la diversité nous offre l’opportunité de mieux comprendre comment le parfum est vécu aujourd’hui et le sera demain. 

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