Un panorama des sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco

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Depuis 2000, la « Terre de l’encens » est un bien culturel inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Derrière cette appellation, on trouve un ensemble de quatre sites d’exception situés dans la région du Dhofar, au sud d’Oman : les vestiges de l’oasis caravanière de Shisr, les ports associés de Khor Rori et d’Al Baleed, modèles d’habitations médiévales fortifiées, et le Wadi Dawkah, 1 400 hectares de terre rocailleuse qui accueillent les plus anciens arbres à encens du monde.

« Les quatre sites qui composent cette proposition d’inscription offrent une image complète de l’une des plus importantes activités commerciales du monde antique et médiéval », résumait le dossier de candidature du sultanat auprès de l’Unesco. Ce « paysage culturel » qu’est la « Terre de l’encens », un terme choisi en 1992 pour désigner les interactions majeures qui se nouent entre les hommes et le milieu naturel, illustre à merveille le commerce de l’oliban qui prospéra dans la péninsule arabique pendant plusieurs siècles, dès la fin du IIIe millénaire avant notre ère, avec la Mésopotamie et avec l’Égypte. 

Le Wadi Dawkah, forêt singulière

Le site est l’emblème de la récolte traditionnelle de l’encens à Oman dans un cadre naturel demeuré intact depuis des millénaires. Sur ces quelques kilomètres carrés de terre rocailleuse, au cœur de la région du Dhofar, la résine extraite des arbres sauvages serait d’autant meilleure que le climat est aride. La particularité du site est d’être situé sur un plateau, à l’orée du désert et à l’abri de la mousson ; le wadi bénéficie ainsi de conditions climatiques idéales pour le développement de l’arbre à encens, capable d’affronter les conditions climatiques les plus extrêmes.

Crédit photo : Mulook Albalushi

Shisr, l’Atlantide des sables

Un dôme en calcaire effondré qui recouvrait autrefois une source d’eau. Autour, une enceinte fortifiée dont il ne reste que des ruines, longtemps oubliées aux portes du désert de Rub al-Khali. Le site caravanier de Shisr, à quelque 180 km au nord de Salalah, joua un rôle majeur dès l’âge du fer. À l’époque, l’oasis agricole fournit de l’eau aux marchands avant qu’ils n’entrent dans le désert. Le centre de traitement et d’expédition de l’encens – la résine est exploitée dans les montagnes voisines du Dhofar – se situait à un carrefour stratégique sur la route qui amenait l’encens jusqu’au port de Sumhuram (autre nom de Khor Rori). 

Crédit photo : Éléonore de Bonneval

Inscrit depuis 1995 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, surnommé “l’Atlantide des sables”, Shisr se fait aussi appeler Ubar, du nom de la légendaire cité perdue ensevelie sous le sable, même si la question fait officiellement débat chez les archéologues. Mentionnée dans les Mille et Une Nuits, Ubar y est décrite comme une ville opulente avec des jardins de dattes et des forts dorés. 

Shisr devient célèbre en 1992, lorsque le Los Angeles Time consacre un article à sa découverte par un explorateur britannique.

Khor Rori, baie enchantée

En 1988, Khor Rori a été ajouté à la liste de l’Unesco du patrimoine mondial. Ce site archéologique, situé au sommet d’une colline, à 40 kilomètres à l’est de Salalah, abrite les vestiges de Sumhuram, qui fut l’un des ports de commerce les plus importants de la route de l’encens. La cité fortifiée fut fondée il y a plus de deux millénaires pour contrôler le commerce de l’encens du Dhofar, depuis une baie abritée de l’océan Indien, à l’embouchure du Wadi Darbat. La précieuse gomme résineuse se trouvait embarquée ici à destination de la mer Rouge, de la Méditerranée et des Indes. En échange, accostaient des navires chargés de produits en provenance d’Asie.

Crédit photo : Mulook Albalushi

Al Baleed, port royal

Le long de la côte, tout près d’un khor (cours d’eau) fournissant de l’eau douce venue des montagnes, le site inscrit à l’Unesco englobe les vestiges de l’ancienne cité de Zafar (XIe siècle), dont le port assurait l’expédition de l’encens jusqu’en Inde, en échange d’épices, en Afrique du Nord et en Europe. Son rôle fut majeur dans le commerce maritime jusqu’à la fin de la période islamique. 

Aujourd’hui, on trouve sur le site le musée de la Terre d’encens qui remonte jusqu’aux origines de l’implantation, en 2000 av. J.-C., et donne à voir les objets mis au jour lors des fouilles. Y est retracée, d’une part, l’histoire de l’encens au sultanat et, d’autre part, toute l’histoire maritime du pays, jusqu’au nouvel essor actuel.

Crédit photo : Mulook Albalushi

AU SOMMAIRE DE NOTRE GRAND DOSSIER « WADI DAWKAH »

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